Sanaaq
Sanaaq
Nappaaluk, Mitiarjuk  
Saladin d'Anglure, Bernard (Traduit par) 
  • Éditeur : Dépaysage
  • Collection : Talismans
  • EAN : 9782902039241
  • Format : Broché
  • Pages : 368
  • Prix : 34,95 $
  • Paru le 9 mai 2022


NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT RÉVISÉE

Un roman atypique. Sur la vie. Au jour le jour. Les joies et les peines d’une petite communauté inuit du Nunavik. On y apprend à construire en toute hâte un iglou, à repérer la glace traîtresse, à chasser l’ours avec des chiens de traîneau, à préparer de la viande séchée de phoque et à interpréter les signes de la présence de Tuurngaq, un esprit auxiliaire de chamane que n’apprécient guère les premiers missionnaires chrétiens. Surtout, une expérience rare est ici offerte, celle de voir le monde singulier des Inuit avec les yeux de l’héroïne, Sanaaq. Une femme qui, à l’image de l’auteure du roman, ne s’en laisse jamais conter…
 
Le contexte culturel dans lequel a été conçue et écrite la première partie du manuscrit est celui du début des années 1950, alors que les Inuit de Kangiqsujuaq vivaient encore l’hiver sous l’iglou, dans cinq ou six camps, et le printemps et l’été sous la tente, dans une dizaine de petits camps de chasse. C’est en 1950 que les Inuit de Kangiqsujuaq reçurent les premières allocations familiales et pensions de vieillesse ; en 1961, les premières maisons préfabriquées, la première école, le premier canot à moteur. Puis vinrent les motoneiges, l’électricité produite par des génératrices, le développement domiciliaire et la sédentarisation des familles autour de l’établissement des Blancs (missions, magasins, école, infirmerie). L’un des intérêts du roman, c’est qu’il couvre la période ayant précédé la transition et celle où elle a effectivement commencé, c’est-à-dire l’enfance de Mitiarjuk, entre le début des années 1930 et les lendemains de la Deuxième Guerre mondiale.

Les femmes tiennent des rôles majeurs dans le roman, à toutes les générations. Ainsi, avec Sanaaq, nous avons un point de vue féminin original sur la vie et la psychologie des Inuit, trop souvent décrites par des hommes et par des gens extérieurs à leur culture, qui ont sous-estimé la part des femmes et ignoré leur point de vue.

Le style de Mitiarjuk est alerte, fluide et plein de vie, avec des descriptions précises et détaillées. Ceci est d’autant plus remarquable qu’elle se relisait peu et ne se corrigeait pratiquement pas. Il faut dire que l’écriture syllabique, dans sa forme la plus simple, qui est celle du manuscrit de Sanaaq, est une véritable sténographie permettant d’écrire presque aussi vite que l’on parle.

L’aventure éditoriale de Sanaaq débute au début des années 1950 quand le révérend père Robert Lechat, un missionnaire qui fait souvent appel à Mitiarjuk pour traduire des textes religieux dans la langue inuit, lui confie des cahiers d’écoliers lignés en lui demandant d’y écrire des phrases contenant le plus de mots possibles relevant de la vie quotidienne. Elle se met alors à écrire, sous l’iglou ou sous la tente, quand ses enfants sont endormis ou que ses tâches domestiques lui laissent quelques loisirs. Puis elle se lasse de ce genre d’écriture et, laissant déborder son imagination, elle invente des personnages et décrit leur vie au quotidien, peu avant l’arrivée des Blancs. À l’âge de vingt-deux ans, Mitiarjuk réinvente l’art du roman, alors qu’elle en ignore jusqu’à l’existence…
 
En 1956, lors d’un séjour de Bernard Saladin d’Anglure à Kuujjuaq, Robert Lechat lui fait connaître le roman Sanaaq, dont il détient la première partie, écrite au crayon, presque sans ratures ni ajouts. Il en a fait une première translittération en alphabet latin, avec l’aide de Mitiarjuk, ainsi qu’une traduction partielle. Bernard Saladin d’Anglure décide alors, malgré l’éloignement, de consacrer ses recherches doctorales à ce texte, alors que l’orthographe de la langue inuit n’est pas encore normalisée et que l’écriture syllabique est imprécise et sans ponctuation, rendant sa tâche quasiment impossible. Il soutient sa thèse de doctorat en 1971 à l’École pratique des hautes études. 
En 1983, Mitiarjuk signe un contrat d’édition et confie à Bernard Saladin d’Anglure le soin de publier son œuvre. Avec l’aide financière du ministère des Affaires culturelles du Québec, l’association Inuksiutiit (Université Laval, Québec) publie en 1984 la première version de Sanaaq en écriture syllabique normalisée, c’est-à-dire réécrite à partir de la translittération alphabétique qu’en a faite Bernard Saladin d’Anglure. L’ouvrage, que l’on trouve encore dans toutes les écoles inuit du Nord canadien, est vite épuisé.

Bernard Saladin d’Anglure consacrera une partie importante de son temps au début des années 2000 à rendre accessible aux non-Inuit la traduction du manuscrit et donner à l’ensemble la forme et la fluidité d’un roman susceptible d’intéresser un large public. Ainsi paraît en 2002 chez Stanké une première version de Sanaaq en français, désormais épuisée.

En 2020, à la demande des Éditions Dépaysage, Bernard Saladin d’Anglure a révisé entièrement le texte et le lexique pour que cette œuvre majeure soit à nouveau disponible dans tous les pays francophones.

AUTEUR(S)

Mitiarjuk Nappaaluk (1931-2007), une Inuk du Nunavik, analphabète au sens premier du terme (elle ne savait en effet ni lire ni écrire les caractères alphabétiques utilisés pour les langues européennes et adaptés en 1967 pour la langue inuit) a néanmoins à son crédit près d’un millier de pages écrites en caractères syllabiques. Bien que n’ayant jamais fréquenté l’école, l’Université McGill lui a décerné en 2000 un doctorat honoris causa pour sa contribution au développement de la langue et de la culture inuit au Nunavik. Autodidacte, elle a su profiter non seulement de l’enseignement de sa mère et des femmes âgées de sa famille pour s’initier aux nombreuses tâches féminines traditionnelles, mais aussi, ce qui est plus rare, de l’enseignement de son père qui lui a appris tous les secrets de la chasse et des activités masculines, car il n’eut jamais de fils et elle était l’aînée de ses trois filles. Il avait une santé fragile et dut souvent la laisser partir seule, à la recherche du gibier. Véritable « troisième genre » culturel et social, Mitiarjuk est progressivement devenue, parmi les siens, une médiatrice entre les hommes et les femmes, et entre les générations. C’est peut-être là que réside le secret de sa créativité… Ses publications visent à transmettre aux jeunes générations le savoir traditionnel, les légendes et les notions d’histoire naturelle propres aux Inuit. Elle a commencé à écrire Sanaaq au début des années 1950. En 2004, elle a été décorée de l’Ordre du Canada, la plus haute distinction civile du pays.
 
Professeur émérite en anthropologie à l’Université Laval, jadis chercheur invité par Claude Lévi-Strauss au Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France et fondateur des études inuit au Québec, Bernard Saladin d’Anglure travaille dans les régions arctiques (Canada, Groenland, Sibérie...) depuis plus de cinquante ans. Ami de Mitiarjuk, il l’a aidée à mettre en forme le texte de Sanaaq puis l’a traduit.

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