Florida
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« Tu fais comme on a dit, c’était sa phrase avant de me voir partir vers l’estrade. Drôle de phrase. Tu fais comme on a dit, c’était une façon de m’associer à ce qu’elle avait préparé. Tu fais comme je te dis, c’est trop brutal, c’est un ordre. Tu fais comme on a dit, c’est un travail d’équipe. » « Ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée. »
Tout commence comme un conte de fées. Pour ses sept ans, Elizabeth a reçu une robe de princesse et quand elle gagne le concours de mini-miss auquel sa mère l’a inscrite, on pose une couronne sur sa tête. C’est le début de l’enfer, le début d’une enfance volée. D’autant qu’Elizabeth ne gagnera plus. Elle a un physique de deuxième, elle n’y peut rien, et c’est le drame de sa mère. Elizabeth se met à détester le monde entier et, avec l’adolescence, rien ne s’arrange. Son corps devient son ennemi. Le maîtriser c’est maîtriser son destin, alors elle décide de le mettre au service de sa vengeance, le transforme, le sculpte, le déforme. Elle ne sera plus jamais la Petite Princesse de personne...
Florida est un roman puissant, ambitieux et réussi. Le pari était osé pour Olivier Bourdeaut de se glisser dans la peau d’une jeune héroïne aussi complexe. Et ça marche. Il réussit un roman dont le ton enlevé, l’humour et le rythme permettent d’évoquer de multiples thèmes : la dictature de l’image, le culte du corps et de la beauté, l’instrumentalisation, voire la sexualisation des enfants, l’ambition par procuration, le harcèlement, le mal-être adolescent... Le style est direct, presque parlé, radicalement différent de celui de ses deux premiers romans. Olivier Bourdeaut a pris des risques, il a bien fait.
Olivier Bourdeaut est né au bord de l’océan Atlantique en 1980. Il ne s’est pas attardé sur les bancs de l’école, il préférait lire et rêvasser. Il a ensuite travaillé quelques années dans l’immobilier, avant d’accumuler les petits boulots, allant de fiascos en échecs avec un enthousiasme constant. En 2016, il publie un premier roman, En attendant Bojangles (Finitude), qui a connu un succès retentissant et qui a été couronné de nombreux prix. Son deuxième roman, Pactum salis (Finitude), paraît deux ans plus tard.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.