Revue Agone, no 45
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Numéro issu du premier colloque consacré à George Orwell en France, à l'université de Lille en mars 2010, dont les grandes lignes sont son engagement littéraire au coeur duquel coexistent critique sociale et politique, associé à une vision du monde portée par la tradition du socialisme révolutionnaire.
Orwell n'a peut-être pas été ce prophète que d'aucuns aimeraient voir en lui, mais sa critique de la gauche offre toujours une base à partir de laquelle repenser la crise des gauches contemporaines. L'honnêteté sans faille de cette critique, la haine de tout ce qui prend l'apparence du politique en éludant les vraies questions ne nécessitent qu'un léger ajustement aujourd'hui. Ce qui mérite d'être ravivé, dans ce monde mielleux de tolérance, de réforme modeste et de gauche «propre sur elle», c'est la colère qu'Orwell puisait dans sa haine de l'indécence. La disparition des pauvres et des parias du discours politique montre que la gauche, au bout du compte, accepte les distinctions de classe. Il nous faut réapprendre auprès d'Orwell cette décence qui naît de la colère : son indignation face à l'état du monde, mais également face aux excès des intellectuels de gauche, qui, à bien des égards, ont l'indécence d'ignorer le «peuple» et ses contradictions.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.