Sous le seuil
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Qu’est-ce qui se dissimule sous le seuil ? Quelles réalités nichées dans les interstices, vies invisibles qui se tiennent à côté de nous, imperceptibles et silencieuses. Nuisibles, insectes, envahisseurs, Jean-Louis Giovannoni explore l’espace de nos rejets et de nos cruautés en une succession de tableaux où la vie des insectes et celle des hommes se retrouvent mises sur un même plan. Déployant une vision superfocalisée de nos vies intérieures, qui fourmillent de ce qu’on refuse de voir, par dégoût ou par peur. Dans cette dilution de l’identité, où toute vie est posée sur la même valeur, le texte petit à petit, depuis l’araignée qui tisse sa toile à la blatte qui pond ses oeufs, en passant par les coïts juxtaposés de jeunes adolescents et de mantes religieuses, déplace de façon bouleversante notre rapport aux limites de notre incarnation. Nos gestes n’ont pas plus de sens au final que celui de ces « nuisibles » qui semblent agir par pur instinct, et leur violence, leur rapport à la mort, peut-être plus doux que le nôtre, qui ne se débarrasse jamais de la cruauté.
Dans ce texte polyphonique, Jean-Louis Giovannoni réussit le tour de force de déplier notre conscience du vivant, déployant le tableau sans morale d’existences multipliées.
Jean-Louis Giovannoni est né à Paris en 1950. Il a exercé le métier d'assistant social pendant plus de trente cinq ans en hôpital psychiatrique. Il ouvre son œuvre poétique avec Garder le mort en 1975, livre de deuil qui deviendra un classique de la poésie contemporaine, et fonde en 1977 avec Raphaële George la revue Les Cahiers du double. Lauréat du prix Georges-Perros en 2010, il fut président de la Maison des écrivains et de la littérature entre 2011 et 2012.
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