Des bonobos et des hommes
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Avant d’être romancier, Deni Béchard est avant tout un reporter curieux qui sillonne le globe pour rendre compte des réalités des quatre coins du monde. Pour la première fois, il s’écarte du roman pour nous raconter une histoire passionnante : celle des bonobos du Congo et des communautés vivant au coeur de la deuxième plus grande forêt du monde menacée de destruction. En s’intéressant aux grands singes que sont les bonobos, qui partagent 98,7% de leur ADN avec les êtres humains, Deni Béchard a voulu savoir ce qu’ils pouvaient nous apprendre sur notre propre humanité et sur notre capacité à affronter les défis écologiques qui nous attendent.
Pourquoi les bonobos? Certes ces grands singes, surnommés les « hippies de la forêt », fascinent de par leurs moeurs sexuelles particulières. La sexualité y est appréciée à d’autres fins que la reproduction tout en étant un outil pour désamorcer la violence. Ils ont également une capacité à construire des communautés pacifiques, contrairement à leurs cousins les chimpanzés (avec lesquels on compare généralement le comportement du genre humain). Mais pour Deni Béchard, sa rencontre avec les bonobos allait surtout changer la manière dont il se percevait en tant qu’être humain.
Des bonobos et des Hommes nous emmène au coeur de cet immense pays qu’est la République démocratique du Congo, à travers ses fleuves, ses forêts, ses communautés et son histoire, marquée par des guerres postcoloniales et minières dévastatrices. Il suit le destin de l’ONG conservationniste BCI (Bonobo Conservative Initiative) qui tente de contrer la menace de destruction qui pèse sur la forêt équatoriale du Congo (et donc sur la planète) et sur les bonobos. BCI défend une conservation en lien avec les communautés, en respectant leurs modes de vie et leurs besoins. C’est dans cette optique que travaille cette ONG composée d’Américains et de Congolais, véritable modèle de coopération internationale, loin de la logique des schémas occidentaux préconçus et imposés, comme c’est trop souvent la règle.
Conteur hors-pair, Béchard nous guide dans la forêt tropicale où il a suivi le travail patient et précieux des différents acteurs de BCI, dont il raconte l’histoire, les passions et les questionnements qui se mêlent à l’histoire du pays et à la philosophie des Congolais vis-à-vis de la nature, leurs relations avec les Occidentaux, entachées de méfiance... Dans un récit à la fois rigoureux, poétique et vivant, Béchard navigue entre l’essai, le récit de voyage, le portrait de personnages haut en couleurs et le questionnement philosophique. Il passe d’une leçon sur les changements climatiques et l’impact déterminant des forêts dans l’évolution des espèces à la traversée de ponts douteux en pleine forêt pluviale et à ses rencontres avec des bonobos paresseux ou provocateurs.
Avec un regard tout en nuances, Deni Béchard livre un récit plein d’espoirs sur l’Afrique, en présentant des pistes de solutions réalistes et respectueuses des gens et de leurs valeurs. Dans une savoureuse alchimie, Béchard dresse un portrait aussi complet qu’habile de l’Afrique des Grands Lacs ; et en se concentrant sur l’histoire toute particulière des bonobos, il offre une histoire universelle sur notre humanité.
Deni Bécharda grandi entre le Canada et les États-Unis. Il a traversé une quarantaine de pays, dont l’Irak et l’Afghanistan, comme reporter indépendant. Il est l’auteur de Vandal love ou Perdus en Amérique, (Prix du Commonwealth 2007) et de Remèdes pour la faim (Alto, 2013).
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