Art vivant (L')
| Aussi disponible en version numérique: |
S’intéresser à Paul-Émile Borduas, à ses succès comme à ses échecs, à ses espoirs comme à ses doutes, c’est chercher à comprendre le devenir d’une communauté canadienne-française qui tentait, dans les années 40 et 50, de s’approprier une modernité troublante et fugitive.
Comme dans ses premiers travaux sur Fernand Dumont et sur Gérard Pelletier, la question qui anime Jean-Philippe Warren est celle des origines de la Révolution tranquille. Mais cette fois-ci, la démarche est différente, puisqu’il étudie un homme qui a très tôt rompu avec le Canada français de son enfance et a tenté de lui substituer une éthique radicalement autre. Il s’agit donc de cerner les méandres de l’évolution ayant conduit Borduas à adopter une méthode picturale en rupture nette avec l’académisme de son temps, et aussi de dégager de manière globale sa vision de la vie et de la société.
L’ouvrage est divisé en quatre parties. Dans la première, Jean-Philippe Warren étudie comment un sentiment nouveau collectif, l’inquiétude, a contribué à émanciper l’art des ornières nationalistes et cléricales. Dans la deuxième partie, il montre comment des critiques d’art catholiques ont peu à peu reconnu la nécessité d’une triple rupture, avec la société bourgeoise, avec la reproduction à l’identique du monde matériel (l’artiste devant exprimer sa sensibilité propre en puisant dans les tréfonds de son être) et avec la raison. Dans la troisième, il dégage les principes pédagogiques qui vont opposer de manière virulente les partisans des beaux-arts aux chantres du surréalisme. Dans la quatrième partie, il montre comment la publication de Refus global a provoqué la marginalisation définitive de Borduas.
En ajoutant une touche nouvelle au portrait déjà esquissé d’un des plus grands artistes et intellectuels canadiens du XXe siècle, ce livre permet de jeter un éclairage neuf sur une période charnière de l’histoire du Québec.
Jean-Philippe Warren est professeur au département de sociologie et d'anthropologie de l'Université Concordia, où il est titulaire de la Chaire d'études sur le Québec.
Il a publié au Boréal, entre autres titres, L'Engagement sociologique, la tradition sociologique du Québec francophone (2003), qui lui a valu le prix Clio et le prix Michel-Brunet
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
