Satire foutre (La)
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Décrivant douze heures de la vie nocturne d'un couple contemporain qui vient de se rencontrer, La Satire Foutre déshabille la façon dont ces deux zéros globaux généraux passent ensemble leur samedi soir. Sous-titrée Histoire de Clitandre et Phallusine, cette satire romanesque est l'odyssée piteuse du couple moderne, concentrée sur ses moments symboliques : le dîner, la promenade érogène, la séance matelassière de fin de semaine, les grandes petites questions post-coïtales et la joie au matin de rentrer chez soi pour celui des deux qui était chez l’autre.
Racontée par Théocyne à son acolyte Misopseudès qu’il veut protéger du mariage comme de tout esclavage, La Satire Foutre relève plusieurs défis : avec humour dans le cynisme, elle donne paradoxalement de l’air en décrivant un lieu d’étouffement, la relation que notre outre-monde fait apparaître dans le détail des échanges entre les sexes. Elle reprend à son compte la citation selon laquelle « il n’y a pas de rapport sexuel »(Lacan) et regarde la chambre à coucher comme le forum où se lit l’agonie d’un monde qui regarde comme accomplissement ceux de ses paramètres les plus désastrogènes. Refusant néanmoins le pessimisme grincheux, cette Satire utilise un style qui fait aboutir l’ensemble à un nouveau commencement individuel, dans la solitude habitée, riche, joyeuse – point de vue d’où le narrateur écrit précisément son récit. Ainsi la psychopathologie du couple cesse-t-elle d’être un mal nécessaire et se trouve-t-elle transcendée par une musique dont le rythme est puisé ailleurs mais délivré ici-même au cœur du texte.
Car c’est cette musique qui alimente le style complètement déboutonné de cette satire, un style dynamique et neuf, virulent, drôle, grinçant, abondant en néologismes, en associations et consonances, en jeux de mots, en poèmes cachés, en palindromes, etc., le tout sur un rythme quasiment frénétique – car cette abondance est au service d’un propos brûlant.
Inspirée par Juvénal, cette physiologie du rendez-vous amoureux entre deux neutrons outre-modernes aboutit ainsi à une satire symphonique qui rend hommage aux satiristes antiques tout en renouvelant le genre de fond en comble.
Romancier, philosophe, poète, musicien, Maxence Caron, né en 1976, est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages salués par la critique.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
