Guerres d'Hergé (Les)
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C'est peu dire d'Hergé qu'il est une figure ambiguë de la culture belge... et mondiale.
Adulé, on voit en lui un génie de l'art graphique, un philosophe, un grand écrivain, un remarquable journaliste. Aucun dithyrambe ne lui est épargné. Ce qui ne déplaît pas à ceux qui sont derrière le tiroir-caisse.
Créateur d'une œuvre qui se veut positive et exemplaire, père spirituel d'un héros paré de toutes les vertus, Hergé, entre 1940 et 1944, n'a cependant pas hésité à donner, on le sait, ses bandes dessinées à la presse pro-hitlérienne de son pays. Maxime Benoît-Jeannin va plus loin. A partir des albums emblématiques dont il donne le contexte précis et la lecture indispensable à leur compréhension véritable, apparaît une politique d'Hergé.
Le dessinateur s'est défini lui-même comme un «médium». Ses bédés sont donc le reflet de certaines influences reçues passivement à différentes époques de son histoire qui a coïncidé avec celle du XXe siècle. Des années vingt à la fin des années cinquante, Hergé a toujours su traduire dans un langage compréhensible aux enfants de «7 à 77 ans» les idées dominantes, qui ne sont que les idées de la classe dominante. Du colonialisme à la collaboration et l'antisémitisme. De l'anti-bolchevisme à l'antisoviétisme. De l'amertume née de la défaite de l'Ordre nouveau à l'apologie de l'Occident et de l'homme blanc. Tels sont, presque jusqu'à la fin de sa vie, les grands messages politiques de la «médiumnité» d'Hergé. De la «déconstruction» opérée par l'auteur émerge une certitude: Hergé ne s'est jamais renié et n'a jamais déposé les armes.
Maxime Benoît-Jeannin a publié une vingtaine d'ouvrages tant à Paris qu'à Bruxelles. Parmi eux, outre «Le Mythe Hergé» (2001), on lui doit la monumentale biographie de «Georgette Leblanc» (1998), un essai sulfureux sur les rentrées littéraires, «La corruption sentimentale» (2002), et, plus récemment, un roman, «Mémoires d'un ténor égyptien» (2006).
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