
Parc industriel
|
Pagu, alias Mara Lobo, a essayé de raconter dans ce livre, avec un maximum de littérature pour un maximum d’efficacité, la vie et les luttes des travailleuses de l’industrie textile du quartier du Brás, à São Paulo. C’est un roman prolétaire. Le premier, en 1933, au Brésil.
Patrícia Galvão (São Paulo, 1910 – Santos, 1962), connue sous le nom de Pagu, rejoint d’abord le groupe de la Revista de Antropofagia (1928-29), dernière manifestation du modernisme brésilien. Elle y rencontre l’écrivain Oswald de Andrade, qu’elle épouse, et se lance avec lui dans le militantisme d’extrême-gauche au lendemain de la Révolution de 1930, en publiant par exemple la revue O Homem do Povo (1931). Membre turbulent du PCB, première femme à connaître la prison pour motifs politiques dans l’histoire du Brésil, en 1931, elle se consacre corps et âme à la cause révolutionnaire et publie à son propre compte, sous pseudonyme, ce récit de propagande communiste inspiré de ses premières années d’activisme et de fréquentation du prolétariat : Parque industrial, étrange compromis entre la prose d’avant-garde des années 1920 et le roman social des années 1930. Arrêtée en 1936, elle passe près de cinq années en prison, aux pires heures de la dictature de Vargas.
Issue de la petite classe moyenne, après un passage dans le groupe d’avant-garde des Anthropophages menés par Oswald de Andrade, était depuis peu (avec ce dernier) plongée dans une vie militante auprès du monde ouvrier, exerçant elle-même toutes sortes d’emplois précaires, publiant un éphémère journal d’information et de satire de l’actualité socio-économique, manifestant, et déjà au bord de la clandestinité, surveillée et recherchée par la police : elle sera la première femme prisonnière politique de l’histoire du Brésil (un premier séjour en prison au début des années 1930, puis neuf ans de réclusion de 1935 à 1944…). Liée d’abord au Parti communiste brésilien mais suspecte : intellectuelle ingérable, incarnation même de l’émancipation féminine, scandaleuse par sa vie privée, son affichage en société et cette forme d’agit-prop dont Parc industriel est un exemple (rédigé justement avec la volonté de démontrer sa bonne volonté de bourgeoise prolétarisée, mais publié sous pseudonyme à la demande du Parti…). Elle reste connue aujourd’hui comme une figure marquante de l’histoire culturelle brésilienne, une icône du féminisme et de l’engagement social.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.