Manifeste pour un nouveau théâtre [édition bilingue]
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Manifesto per un nuovo teatro paraît dans le numéro 9, janvier-mars 1968, de la fameuse revue romaine Nuovi Argomenti (revue littéraire trimestrielle dirigée par Alberto Carocci, Alberto Moravia, Pier Paolo Pasolini).
Manifeste programmatique pour un théâtre de Parole, ce texte est une déclaration extrême et extrémiste du plus excessif des écrivains italiens du XXe siècle. Une déclaration de guerre à la culture bourgeoise par la critique de la notion de culture et de bourgeoisie. Cela est possible grâce à une lutte littéraire et politique qui se passe au théâtre – un nouveau théâtre – le théâtre de la Parole. Toute la force nécessaire pour cette critique radicale est à chercher dans la puissance de la parole c’est-à-dire dans le poème. On retrouve ici un concept majeur de la pensée de Pasolini (présent dans toutes ses œuvres, qu’elles soient cinématographiques, littéraires, critiques…) : l’action de la parole est maximale quand la parole est écrite dans la langue de la poésie, c’est-à-dire quand toutes ses propriétés et possibilités, sont engagées pour réinventer le langage et l'humain.
Ce manifeste est donc un texte littéraire, politique, théorique & pratique, de critique théâtrale mais surtout de critique sociale.
En 43 points, sur moins de trente pages, Pasolini lance un défi à tous et à chacun, mais spécialement aux intellectuels (de métier ou dilettantes), un défi qui est toujours terriblement d’actualité.
Pier Paolo Pasolini, né en 1939 à Bologne, meurt violemment en 1975 en laissant une œuvre hors mesure, immense par son ambition à se porter sur tout et par tous les moyens (de la peinture au cinéma en passant par toutes les formes d’écriture), par son volume (ses œuvres complètes occupent dix tomes de l’équivalent italien de la Pléiade, soit plus de 18 000 pages) et par sa puissance poétique et politique que les années qui passent ne font que confirmer. Si cette parole qui s’enracine dans les grands mythes et les cosmogonies, Marx, Gramsci et les évangiles – mais aussi dans les faits divers, les modes théoriques et les conditions politiques de son temps – a gardé malgré toute sa portée intacte, c’est que depuis les premières recherches dans une langue frioulane réinventée jusqu’au roman inachevé Petrolio (Pétrole) et aux films, Pasolini n’a jamais cessé de croire en la capacité du poème à « refaire » le monde.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.