Contre-culture domestiquée (La)
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Ce que la contre-culture fait à la ville, et ce que la ville en fait en retour : enjeux spatiaux et politiques
Fruit d’une enquête interdisciplinaire sur l’institutionnalisation des contre-cultures à Genève, Lisbonne et Lubjana, cet ouvrage offre un regard inédit sur les métamorphoses spatiales et politiques des villes européennes. Il interroge en particulier l’aporie de la «ville créative» qui proclame la réconciliation entre la culture et l’économie alors même qu’elle exclut physiquement les franges les plus marginales et radicales des mondes de l’art.
Alors qu’à la fin des années 60, la créativité était au cœur des remises en cause politiques et expérientielles des modèles capitalistes de développement urbain, elle est aujourd’hui au centre des formes renouvelées de production de la ville. Au fil des chapitres, l’ouvrage explore la genèse et les enjeux contemporains de ce renversement qui permet de comprendre les contradictions qui habitent les villes d’Europe désormais largement gentrifiées et où les pressions foncières et réglementaires contribuent à la disparition des derniers espaces de liberté.
Après être revenu sur la naissance de la « culture alternative », son inscription spatiale et ses formes de subversion, l’ouvrage documente les différents plans sur lesquels se joue l’institutionnalisation des contre-cultures, et donne ainsi à voir l’émergence d’un régime urbain de « post-contreculture » typique de la ville capitaliste contemporaine et son pouvoir d’absorption de la contestation.
Ainsi l’esthétique de résistance des squats devient ornement dans les paysages ordinaires de la ville touristique, la résistance par les tactiques du temporaire devient le cœur du marketing événementiel, le projet unitaire visant à lier création et vie quotidienne se défait sous les coups du « gouvernement par objectif » et finalement la ligne de fuite de l’art face aux principes capitalistes se retrouve au cœur des nouveaux systèmes de production de la valeur économique.
Docteur en sociologie, Luca Pattaroni est maître d’enseignement et de recherche à l’EPFL où il dirige le groupe de recherche « Ville, habitat et action collective » du Laboratoire de Sociologie Urbaine. Ses travaux portent sur différentes expressions des différences et de la marginalité dans la ville, qu’il s’agisse de désaffiliation (sdf), de contestation (squats, luttes urbaines), de création (contre-cultures) ou encore de débordement (foule en liesse).
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
