Fouet de la méduse (Le)
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Le révérend John George Wood (1832-1889) fut à la fois pasteur et naturaliste, et l'on jurerait plus naturaliste que pasteur – on ne peut pas en même temps s'occuper d'une cure et donner des conférences, illustrées de croquis aux crayons de couleurs, un peu partout en Angleterre et aux États-Unis. S'il ne fut pas à proprement parler un chercheur, Wood fut un observateur de grande classe et, à sa manière, un styliste, capable d'imager ses observations et de les rendre accessibles, même s'il s'agit d'observations microscopiques sur des débris de pattes d'araignées, de cadavres de mouches et d'ailes arrachées par les guêpes ammophiles à d'autres Diptères. On apprend au passage que les vers de terre ramassent les feuilles de lilas tombées sur le sol pour les emporter dans « leurs demeures ténébreuses », mais dédaignent les feuilles de laurier, que l'on peut se pencher sur un nid de bourdons sans courir le risque d'être piqué, mais qu'il est dangereux de goûter leur miel, qui procure des vertiges, que les libellules sont de véritables dragons ailés et les crabes verts des cannibales.
L'intuition initiale de Wood est très simple; il y a des merveilles sous nos yeux, mais on ne sait pas regarder. Le texte intitulé Le Bain de Madame Coates est exemplaire en ce sens. Non, on ne découvrira pas la Dame au bain, mais une petite mare regorgeant de dytiques, de larves de libellules, de tritons, de punaises carnivores, semblables à des barques, se dorant au soleil à la surface de l'eau, et autres flottilles de limnées, ce qui est aux yeux du naturaliste (peut-être pas à ceux du pasteur) autrement plus intéressant que la Belle au bain. « Il n'y a dans le monde que des choses gâchées, écrivait Dhôtel dans Les rues dans l'aurore, au milieu d'une splendeur impossible à saisir. »
L'un des livres de Wood, The common Objects of the country (1866) fut vendu à 100 000 exemplaires en une semaine.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.