Radiations et révolution
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Dans Radiations et révolution, le théoricien japonais Sabu Kosho traite de la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011, du capitalisme apocalyptique, des expériences vécues par les victimes et des luttes d’émancipation et de défense de la vie dans l’archipel du Japon.
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« Dix ans se sont écoulés depuis le 11 mars 2011. La période trouble qui a suivi s’efface peu à peu de la mémoire collective. Les images en circulation dans les médias sont passées de la progression du désastre à un déclin invisible, de la catastrophe à l’apocalypse. Les villages côtiers emportés par le tsunami, les réacteurs qui crachent des champignons atomiques et les hommes qui effectuent des missions létales en combinaison de protection nucléaire, biologique et chimique (combinaison NBC) ont laissé place aux piles infinies de sacs plastiques, aux animaux domestiques errant dans la campagne déserte et aux examens médicaux pour les enfants. Ce basculement s’est accompagné d’un processus par lequel le cataclysme ayant ébranlé la nation japonaise a été intégré dans la reconstruction des appareils de l’État capitaliste, alors même que les terres contaminées par les débris radioactifs étaient laissées à l’abandon, et que les zones irradiées pouvaient s’étendre suivant les imprévisibles mutations des activités vitales. Par sa durée autant que par son étendue, la catastrophe nucléaire de Fukushima apparaît comme la quintessence d’un monde dystopique.
Cet ouvrage rassemble les idées que je développe depuis quelques années à propos du désastre de Fukushima. La catastrophe est ici appréhendée à la fois comme un évènement singulier et comme une série d’évènements, en tant que processus qui l’a préparée et qui perdure encore aujourd’hui. Le postulat est que le désastre, loin d’être terminé, se prolonge dans l’instabilité des pouvoirs en jeu (ceux des régimes pronucléaires autant que ceux des luttes populaires qui se battent dans et contre lui) vis-à-vis de la propagation aberrante des radiations. Pour affronter cette situation en constant développement, il nous apparaît nécessaire de réviser entièrement notre conception de la transformation du monde. »
Critique de la politique et fin connaisseur du social, le théoricien Sabu Kohso est aussi traducteur, universitaire et militant de longue date dans la lutte mondiale et anticapitaliste. Originaire d’Okayama, au Japon, il vit à New York depuis 1980. Il a publié plusieurs livres sur l’espace urbain et la lutte au Japon et en Corée, et a traduit des ouvrages de Kojin Karatani et de David Graeber. Il a beaucoup écrit sur la catastrophe de Fukushima du point de vue des luttes anticapitalistes mondiales.
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