Toucher la terre ferme
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J’étais là, un bébé parfait dans les bras, et mon corps déchiré. Dans mon orgueil comme dans mon innocence, j’ai pensé que tout s’arrêtait là, alors qu’au contraire, tout commençait.
Un soir de novembre, en pyjama sur le parking de la clinique, Julia Kerninon hésite à fuir. Son premier enfant vient de naître et, malgré le bonheur apparent, elle perd pied, submergée par les doutes et la peur des contraintes. Sa vie d’avant lui revient comme un appel au large : les amours passionnels, les nuits de liberté et les vagabondages sans fin. Dans ce récit intime, Julia Kerninon plonge au coeur des sentiments ambigus de la maternité. Elle confie ses tempêtes intérieures : Comment être mère ? Comment rester soi ? Elle raconte cette longue traversée jusqu’à atteindre la terre ferme, où tout se réconcilie.
Julia Kerninon est née en 1987 et à 35 ans, elle incarne la parole libre et sans tabou de sa génération. Elle s’est fait remarquer dès son premier roman, Buvard (2014), qui a reçu notamment le prix Françoise-Sagan. Trois livres vont suivre dans lesquels elle affirme son talent et déroule son thème de prédilection, la complexité du sentiment amoureux.
Dans son dernier roman, Liv Maria (Annika Parance Éditeur, 2020, finaliste du prix des Libraires en France), elle explorait déjà les questions du couple et de la maternité.
Sur le parking de la maternité, cette nuit de novembre, j’ai compris la force de la réalité qui venait avec le fait d’endosser ce rôle, la vie quotidienne, la vie domestique, la platitude. J’ai compris le lien de vie et de mort que j’avais noué avec l’enfant et son père. J’ai compris qu’il n’y aurait pas de retour, seulement des échappées. Que pour la première fois j’avais vraiment pris une décision. Debout dans le noir, sous les étoiles, j’ai pensé que je pourrais faire face à ça.
J’élève mes petits garçons, je les porte tous les deux à bout de bras dans la rue en revenant du parc, lourds et vigoureux comme des marcassins quand ils se débattent, mon dos est déchiré par la douleur, mon corps ne se remet pas totalement, et pourtant je me vois accomplir un à un sans faillir les gestes nécessaires pour faire tenir cette famille. Tous les jours, j’aime mes enfants, je travaille, et j’essaie d’être un meilleur écrivain. Ma vie n’est ni derrière ni devant moi.
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