Sur la route avec Bashô
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Après Autoportrait de Paris avec chat et L’exil vaut le voyage, Sur la route avec Bashô suit la méthode nonchalante et néanmoins réfléchie de Bashô, le moine-poète japonais du XVIIe siècle, une des inspirations constantes de l’auteur (qui, comme on le sait, est un écrivain japonais). Le narrateur de cette histoire parcourt le monde d’aujourd'hui, de l’Amérique au Japon, en le croquant sur le vif. Qui se méfierait d’un rêveur ? Il ne rêve pas du tout. Il admire (les femmes écrivains qu’il lit, de Jean Rhys à Zora Neale Hurston). Il se remémore (les divinités vaudoues). Il éprouve de l’affection (envers une de ses voisines alors qu’il séjourne à New York). Des dessins stylisés parcourent le texte, qui sont peut-être la rêverie de ce narrateur « dans ce monde sans pitié ». Voyageant aux quatre coins du monde, il ne peut que constater que la menace est partout. Dessinant ce qu’il voit, le narrateur écrit aussi des mots. Et par exemple ceux-ci : « Black lives matter. » « Un nègre est un homme et tout homme est un nègre », a-t-il dit au début de sa pérégrination. Nègres sont donc les manifestants de Hong Kong qu’il voit réclamer la liberté. Pourtant, son intention n’est pas de changer le monde, nous dit-il, « simplement d’y vivre ». Et l’on comprend alors que, comme le disait Pavese, c’est un métier de vivre.
Heureusement, il y a la littérature, le jazz, les femmes élégantes, les cafés et les fleurs. Il y a encore des rayons de soleil.
Dany Laferrière est né à Port-au-Prince. Il est l’auteur de nombreux livres dont, au Boréal, Je suis un écrivain japonais (2008), L’Énigme du retour (2009; prix Médicis, Prix des libraires du Québec, Grand Prix du livre de Montréal), Autoportrait de Paris avec chat (2018) et L’exil vaut le voyage (2020). Il a été élu à l’Académie française en 2013.
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