Catastrophe de M. Vedeau de Grandmont
Catastrophe de M. Vedeau de Grandmont
Enquête sur une ténébreuse affaire du Grand Siècle
Buat, Nicolas  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251453323
  • Code Dimedia : 000228311
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Histoire générale
  • Pages : 372
  • Prix : 46,95 $
  • Paru le 24 octobre 2022
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EAN: 9782251453323

Le 15 février 1718 mourait à Lyon, au château de Pierre-Scize, le conseiller François Vedeau de Grandmont que ses confrères du Parlement avaient condamné, le 14 avril 1693, au bannissement et à la mort civile. Le roi commua sa peine en une prison perpétuelle : cruelle distinction que seul Nicolas Fouquet avait reçue avant lui.

Ainsi s’achevait une affaire des plus ténébreuses, mais aussi des plus burlesques du Grand Siècle. La Bruyère, qui en dévoile les prémices dans ses Caractères, ne pouvait se figurer comment une querelle de voisinage allait déboucher sur autant de scandales, de trahisons et de procès criminels.

Après s’être fâché avec le doyen du Parlement pour un droit de pêche dans l’Avre, le conseiller Vedeau essaie de redorer son blason en faisant entrer son fils dans l’ordre de Malte : fallait-il pour cela user de fausses preuves de noblesse? Il ne put jamais prouver son innocence.

Enfant chéri de la fortune, heureux en mariage, père de famille comblé, homme de lettres, entrepreneur et bâtisseur, François Vedeau de Grandmont devait finir pauvre comme Job. Une fuite, deux rébellions et plusieurs procès le conduiront au fond d’une bastille lyonnaise.

Fondé sur des sources entièrement inédites, entre quête littéraire et enquête policière, ce livre nous entraîne dans les coulisses du Grand Siècle, à Paris, à Lyon, à Rouen et sur différentes scènes, du château de Saint-Lubin-des-Joncherets, entre Normandie et pays chartrain, à la prison de Pierre-Scize, au détroit de la Saône.

Table des matières

CHAPITRE 1 : L'ÉTRANGE AFFAIRE DES FILETS DE PÊCHE
« Marier un sac d’argent avec un autre sac d’argent »?
Voyage au temps de la Fronde
Le filleul de Monseigneur
Entrée dans l’ordre de Malte
Symphonie pastorale - Prélude
Premier mouvement : mésaventure de Robert Adam
Deuxième mouvement : tribulations de Guillaume Poëte
Staccato
Libérez Poëte!
Une pelote de neige

CHAPITRE 2 : LA TÉNÉBREUSE AFFAIRE DES PREUVES DE MALTE
Naissance de la cabale
Le temps des faussaires
Où le procureur Achille de Harlay entre en scène
Aux origines de la RPR
L’affaire de la fausse minute de Lyon

CHAPITRE 3 : LE REBELLE
Une si longue absence
La chute de Charles Hervé
Première rébellion
Seconde rébellion
Catastrophe de M. Vedeau de Grandmont

CHAPITRE 4 : LE LIVRE DE JOB
La fortune des Vedeau
La fortune des Genoud
Le testament brûlé
Les bons offices de M. Du Buisson
La curée
Règlement de compte
L’actionnaire du canal
L’entrepreneur en plâtre
L’irrésistible ascension de M. Le Prévost
Chers immeubles
L’hôtel de Toscane, rue de Vaugirard
L’adjudication
Le château et seigneurie de Saint-Lubin
Vers une liquidation totale : la sentence du 29 mars 1694
Anne-Claude Genoud et ses enfants
La Fierté de Rouen 3
Réparations
Anne-Antoinette-Rose et ses frères

CHAPITRE 5 : LE PRISONNIER
La forteresse
Ce diable de Manville
Meurtre au donjon
Vêpres lyonnaises
État des lieux
Histoire du marquis de Goësbriand
Pour que rien ne change
Les oisivetés de M. Vedeau de Grandmont
Les évadés de l’an 1715
Suite de l’histoire du marquis de Goësbriand
Le dernier des Vedeau

Extrait

La maison du Champ de l’Alouette était fort exposée aux voleurs, mais ce n’est pas contre eux que Vedeau prenait le plus de précautions. Dans la nuit du dimanche au lundi 2 février 1693, jour de la Purification, il était au lit avec son épouse quand il entendit, vers deux ou trois heures du matin, que l’on s’attaquait à la muraille du jardin. S’étant levée la première, Anne-Claude se met à la fenêtre et aperçoit une troupe équipée de lanternes sourdes, d’où part aussitôt un coup de mousqueton qui lui frôle la tête. Déjà on force la porte, et son mari a à peine le temps de sauter du lit pour se cacher, tandis qu’elle-même rassemble quelques affaires en toute hâte.

Soudain la porte de la chambre s’ouvre, laissant apparaître une troupe de soudards prompts à l’insulte. Ils ne disent qu’une chose, qu’ils viennent venger leur camarade tombé le 29 février 1692. Ils ont déjà terrorisé les domestiques et un des enfants du couple, le jeune François-Xavier ou peutêtre son frère Béranger-Marie, âgé de treize ou quatorze ans. Mme Vedeau n’est pas épargnée et se blesse aux mains en détournant une lame qui cherche à la marquer au visage. Pendant ce temps-là, son mari demeure dans sa cachette, un simple trou dissimulé par un coffre auquel on accède par un petit escalier depuis la ruelle du lit. Rempli d’alarme pour les siens, il ne peut cependant s’empêcher de tirer à son tour un coup de feu qui vient frapper le mur.

Méfiants, les assaillants le repoussent à coup de pertuisane jusqu’au fond de son antre, le temps de chercher de la paille pour l’enfumer et l’obliger à sortir. Tout y passe : chaises, crin et bourre qu’ils jettent dans le trou pour alimenter le brasier. Surpris, voyant son bonnet et la manche de sa robe de chambre déjà à demi brûlés, Vedeau tire un autre coup de feu pour y éteindre la flamme qui menace de le consumer. Il y parvient, mais incommodé par la fumée, étouffant à moitié, il bat la chamade : c’est alors que Rivière, lieutenant de robe courte, décline son identité et qu’apparaît Roseau, revêtu de sa robe d’huissier. François Vedeau de Grandmont peut alors se rendre à la police. Il est aussitôt lié et garrotté pour être conduit à la Conciergerie. Il faut dire qu’il a eu le temps de blesser d’un troisième coup de pistolet, en tirant au hasard, un archer du nom de Mauléon




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