En quête de Ninive
En quête de Ninive
Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975)
Charpin, Dominique  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Docet ommia (#8)
  • EAN : 9782251453583
  • Code Dimedia : 000228995
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Histoire & géographie
  • Pages : 464
  • Prix : 48,95 $
  • Paru le 16 janvier 2023
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EAN: 9782251453583

En 1842, des archéologues français entament des fouilles aux environs de Mossoul pour retrouver Ninive, la célèbre ville biblique. L’entreprise est couronnée de succès : ils exhument des palais anciens et de nombreuses inscriptions en écriture « cunéiforme ». Il faut alors des années de recherches et tout le génie de savants comme Jules Oppert (1825-1905) pour déchiffrer ces inscriptions et comprendre la langue sémitique dans laquelle elles sont écrites : l’assyrien.

Ces découvertes font la une de l’actualité scientifique et déclenchent même de vives polémiques, par exemple lorsqu’il faut admettre que les caractères cunéiformes ont été créés pour noter une langue non sémitique, le sumérien. Sans parler du séisme provoqué par la mise au jour d’une version assyrienne du récit du Déluge, antérieure à la Bible!

Rappelant le contexte de concurrence internationale acharnée (notamment entre Anglais, Allemands et Français) et les avaries techniques liées aux conditions rudimentaires de ces explorations lointaines, l’ouvrage de Dominique Charpin raconte la naissance et le développement d’une discipline, l’assyriologie. Il montre les savants au travail, au gré des inflexions de la recherche sur le terrain, de l’évolution du contexte politique et des techniques.

Table des matières

Introduction
1. Naissance de l’assyriologie : Le travail sur le terrain et le début des déchiffrements
2. Le déchiffrement de l’« assyrien »
3. La découverte du sumérien et de la civilisation sumérienne
4. 1872, le statut de la Bible remis en cause
5. L’enseignement de l’assyriologie, des débuts à 1905
6. L’Histoire de l’assyriologie et l’histoire de France : la succession de Jules Oppert en 1905
7. Les outils de la recherche et les modes de diffusion du nouveau savoir
8. Changements et continuité après la Première Guerre mondiale
9. Les découvertes d’Ugarit et de Mari
10. Le renouveau de l’Après-guerre
11. Assyriologie française dans le monde de 1945 à 1975
Conclusion

Extrait

Les découvertes des assyriologues allaient rapidement déboucher sur un tournant majeur de la civilisation occidentale, la remise en cause du statut d'un de ses fondements, à savoir la Bible.
 
Dans un premier temps, les découvertes avaient semblé enraciner fermement la Bible dans l'histoire : des villes comme Babylone, Ninive, Uruk et Ur, mentionnées dans la Bible, avaient bel et bien existé et livraient des informations textuelles très importantes. Des rois présents dans la Bible comme Sennacherib ou Nabuchodonosor pouvaient être connus par leurs propres écrits; inversement, des inscriptions de souverains assyriens mentionnaient des rois d'Israël et de Juda cités par la Bible. Mais la situation ne tarda pas à évoluer.
 
Le 3 décembre 1872, devant la Société d'archéologie biblique de Londres, un assistant du British Museum de trente-deux ans nommé George Smith rapporta la découverte, parmi les tablettes de la bibliothèque d'Assourbanipal à Ninive, d'une version « chaldéenne » (on dirait aujourd'hui babylonienne) de l'histoire biblique du déluge. On a peine à imaginer aujourd'hui à quel point cette annonce fit sensation. Malgré les débuts de la critique biblique, qu'on peut faire remonter à la parution en 1668 de l'Histoire critique du Vieux Testament de l'Oratorien Richard Simon, la plupart des gens avaient encore à la fin du XIXe siècle une conception de la Bible bien différente de celle qui est actuellement la plus répandue. Aussi bien chez les juifs que chez les chrétiens, l'Écriture Sainte était réputée inspirée, mais on comprenait alors généralement cette inspiration de manière très littérale, comme si les différents livres de la Bible avaient été dictés mot à mot par Dieu à leurs auteurs. Un des points essentiels du dogme était ce qu'on appelait l'« authenticité mosaïque du Pentateuque » : les cinq premiers livres de la Bible auraient eu comme auteur Moïse en personne. Dire que le récit du Déluge qu'on trouve dans la Genèse avait un prototype babylonien était donc à peu près aussi scandaleux que d'accuser le premier d'une classe d'avoir triché en copiant sur le dernier!




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