Voyage de Fuentes (Le)
| Aussi disponible en version numérique: |
Jamais le colonel péruvien Juan Mauricio Fuentes n’avait pensé devoir un jour remettre en question ses certitudes les plus monolithiques. Une lettre anonyme et une photo troublante l’obligent à s’extraire de l’oisiveté confortable de sa retraite pour s’envoler vers le lointain Canada, dans une région au nom beaucoup trop exotique, l’Abitibi.
À Aiguebelle-les-Mines, il apprend l’existence et le décès énigmatique d’un richissime jumeau militant gauchiste aux valeurs en totale contradiction avec les siennes. Aspiré dans le combat jouissif d’une population étouffée par de graves enjeux socioéconomiques et environnementaux, le vieux militaire doit faire la paix avec son passé en affrontant les vicissitudes du présent. Il doit surtout anticiper avec sérénité ce qu’il adviendra du reste de sa vie.
Avec le souffle et la couleur propres à plusieurs grandes fictions latino-américaines, Le voyage de Fuentes déstabilise et oblige qui s’y plonge à prendre position.
Une écriture résolument festive. Une finale explosive dont personne ne ressort tout à fait indemne. ¡VIVA FUENTES!
Jean Fontaine se souvient avoir fait une maîtrise en études littéraires, enseigné quelques années le cinéma au collégial et remporté le prix Robert-Cliche en 1990 pour son roman Les lièvres de Saint-Giron. Il se réjouit d’avoir pu s’adonner à l’élevage de deux beaux enfants tout en menant une triple carrière de caméraman, de scénariste et de réalisateur d’émissions de télévision et de documentaires. Cet Abitibien errant a maintenant la soixantaine heureuse et affirme ne pas être trop déprimé par le climat de bêtise ambiant.
Un plat de truite se posa devant Fuentes. La jeune et sombre serveuse s’en retourna au comptoir en aspirant les brumes de son inhalateur. En plongeant dans le vortex de l’œil desséché de son poisson, le colonel se rappela avoir lu que des truites canadiennes avaient jadis été ensemencées dans le lac Titicaca. Mais le moment n’était pas propice à la nostalgie ou au mal du pays. Ses pensées s’emballaient furieusement. Parce qu’il aimait croire qu’il n’était pas homme à se laisser mener par le bout du nez, il n’accepterait d’aucune façon de se prêter au petit jeu initié par un mort sans y ajouter quelques-unes de ses propres règles. Il y avait beaucoup trop de non-dits dans toute cette histoire. Il devait décider de la suite des choses, là, tout de suite. « On l’a peut-être tué, ce double con! »
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.