
Mourir est beau
|
Penser à la mort selon les poètes Noir.e.s des Amériques est inévitable pour moi, qui ai déjà parcouru les marges et même la folie. Mourir est beau, la faire belle cette mort qui nous est promise et que même, nous réclamons. La vouloir belle cette mort qui nous engloutit déjà. La convoquer pour délimiter nettement les limites acceptables de notre dignité. La penser cette mort, en déroulant l’écriture, en façonnant le poème, c’est la seule manière sans doute de penser à notre poésie et à ce qu’elle contient pour nous faire continuer la vie.
– S.M.
Née à Port-au-Prince, Stéphane Martelly est écrivaine, peintre et chercheure. Elle est l’autrice d’un essai en recherche-création, Les jeux du dissemblable. Folie, marge et féminin en littérature haïtienne contemporaine (Nota bene, 2016). Ses plus récentes publications comprennent le recueil de poésie Inventaires et le livre-poème illustré L’enfant-Gazelle (Remue-ménage, 2018). Elle a fondé la collection MARTIALES aux Éditions du Remue-Ménage en 2020, consacrée à l’écriture des femmes noires. Stéphane Martelly est professeure en recherche-création et en littératures de la Caraïbe au Département des arts, langues et littératures de l’Université de Sherbrooke. Elle assume depuis 2021 la co-direction du groupe de recherche VersUS, laboratoire transculturel.
Je croyais écrire un livre des morts
pour invoquer celleux
qui sans arrêt s’étiolent
ou partent
pour citer leurs noms
pour comprendre leurs choix
départs et combats
Mais peut-être qu’à force de fréquenter les limites
et de franchir les seuils
sans m’en apercevoir
j’écris ce livre depuis l’au-delà
ou
peut-être que j’écris ce livre
parce que ma mort est commencée
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.