
Crâne et cervelle
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À la fois poème, monologue dramatique en vers et histoire d’un amour
impossible, Crâne et cervelle est créé un soir d’octobre
1875 à la Salle de musique de la rue Saint-Louis à Québec. Malgré son
clin d’œil au Rolla de Musset, ce poème s’éloigne à la
fois de la poésie romantique dont il s’inspire, du macabre baudelairien
dont il ne peut pas avoir été totalement ignorant et du symbolisme
naissant, dont il évite brillamment la tendance à se désincarner. Son
auteur, Eudore Évanturel, écrit dans une langue à la fois
descriptive, orale, narrative et poétique, mêlant les registres d’une
manière tout à fait originale pour son époque, qu’on soit d’un bord ou
de l’autre de la mare Atlantique.
À la suite de Crâne
et cervelle, se trouve la première édition de La visite
au poète (1918), de Maurice Hébert, sorte
d’entrevue-saynète-hommage qui permet de dévoiler rien de moins que le
premier portrait connu d’Eudore Évanturel.
Eudore Évanturel (1852-1919) est né dans la ville de Québec.
Son éducation libérale et progressiste développe chez lui un goût pour
une littérature moderniste, prenant ses distances avec la vogue du
régionalisme. En 1875, Crâne et cervelle suscite le
débat et des critiques acides de l’élite conservatrice. En 1878, il
publie Premières poésies (préfacé par Joseph Marmette),
mais face à l’hostilité du milieu littéraire, il part l’année suivante
pour les États-Unis où il sera secrétaire, journaliste, fondateur d’un
journal et s’occupera à la transcription de rares documents d’archives
de l’époque de la Nouvelle-France. En 1888, de retour au Québec, il fait
rééditer son recueil et devient le premier archiviste de la nouvelle «
Branche des archives » au Secrétariat de la province de Québec, poste
qu’il occupe jusqu’à son décès.
Maurice
Hébert (1888-1960) est un écrivant, critique littéraire, poète
et fonctionnaire né à Québec. Fils de notaire et père de l’écrivaine
Anne Hébert, il s’impose comme un une voix influente du milieu
littéraire canadien-français, notamment avec ses recueils de critiques De
livres en livres (1929) et Les lettres au Canada français
(1936).
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