Nègre, négrier, traite des nègres
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Nègre. Que faire de ce mot tabou? Surtout pas le taire, mais l’interroger, pense Françoise Vergès, qui retrace son destin chargé. Lire, par exemple, l’article nègre du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. Republié ici, cet article d’un héritier des Lumières exhume un racisme brut, qui perdure de nos jours. Mais se borner à s’indigner serait stérile.
« Il faut d’abord comprendre comment le “blanc” est devenu une couleur qui s’est parée du masque de l’universel mais qui opère comme une ligne de partage. » Puis « Noirs » et « Blancs » devraient ensemble questionner les mémoires et les contradictions des uns et des autres, engager des luttes pour l’égalité. « Ce sont ces passerelles qui affaibliront la ligne de couleur », conclut Françoise Vergès, et qui permettront, en la dépassant, « d’inventer une démocratie post-raciale ».
Françoise Vergès, née à la Réunion, est docteur en sciences politiques de l’université de Berkeley (Californie), professeur au Goldsmiths College (université de Londres). Elle a aussi été co-directrice culturelle de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, et vice-présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage. Elle est l’auteur de travaux sur les dimensions politiques, culturelles et sociales de l’esclavage et du colonialisme, ainsi que sur l’art contemporain. Livres parus : un livre d’entretiens avec Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre je resterai (Albin Michel, 2005), et un essai, La mémoire enchaînée : questions sur l’esclavage (Albin Michel, 2006), couronné la même année par le prix Seligmann contre le racisme.
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