Dire le temps
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Esquisse d’une chronologie phénoménologique.
Peut-on l’éclair de la présence ? Et ne faut-il pas d’emblée reconnaître que seule la poésie peut parvenir à exprimer la mouvance du réel, alors que cette "grammaire métaphysique" qu’est la philosophie consiste, comme l’a bien montré Nietzsche, à doubler l’événement du devenir d’un arrière-monde peuplé de substrats et d’entités imaginaires ?
Ne peut-on pourtant pas voir dans la philosophie, comme nous y invite Heidegger, mais d’une certaine façon aussi déjà Husserl, moins la science de la présence déjà accomplie d’un être-substrat que la venue au langage d’un être au sens verbal qui se confond avec l’avènement même du temps et ne renvoie à aucun autre règne qu’à celui de la phénoménalité ?
En reprenant à Heidegger l’idée d’une "chronologie phénoménologique", on s’est donné pour tâche de reposer ici la question de la possibilité d’une langue et d’une logique phénoménologiques qui soient accordées à la temporalité de l’être. Alors que la philosophie, au lieu de s’installer dans le devenir, entreprend de le reconstruire anachroniquement en partant de son résultat, une telle chronologie exige au contraire le saut dans l’événement de la présence. Mais, parce qu’elle se déploie au sein même de la finitude de l’existence, cette "logique" de la temporalité ne peut qu’être esquissée de manière inchoative. C’est alors en faisant appel aussi bien à la philosophie du langage de Humboldt qu’à la pensée poétique de Hölderlin qu’on a tenté de mettre en lumière la structure éminemment dialectique de la parole et le lien essentiel qu’elle entretient avec la mortalité.
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