Petites mythologies belges [ancienne édition]
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« La cuisine belge est mijotée, prolongée, poursuivie, reconduite. Elle a fait de la répétition son rite. Prenez la frite, par exemple, parangon du mets belge. Sa texture a son secret, sa croustillance a son mystère, mystère jamais percé par ces étrangers qui, à Rio ou à Tombouctou, s'épuisent à offrir à leur clientèle de simples verges flaccides et graisseuses. Eh bien, le secret est simple ; il s'énonce en une règle limpide : à la maison comme à la friterie, la friteuse frit toujours deux fois. Comment s'étonner que la Belgique perdure et soit continuellement reconduite, si sa cuisine obéit secrètement à un principe de reprise ? »
Quoi de commun entre le club de football d'Anderlecht et la semaine du bon langage ? Entre Quick et Flupke et le chocolat Côte d'Or ? Entre les « navetteurs » et la monarchie ? Une même question : y a-t-il une culture propre à la Belgique ? On en débat depuis près de deux siècles, et, sur ce thème, croyants et iconoclastes se déchirent. Mais si la controverse paraît inépuisable, c'est que la culture est pensée trop souvent comme une essence. Le présent essai entend plutôt l'aborder comme un effet de discours. Dans sa quête, l'auteur se donne les armes de l'anthropologie et de la sémiotique, mais aussi et surtout celles d'une ironie à la fois implacable et complice. Le ton de ce petit livre évoque irrésistiblement celui des Mythologies de Roland Barthes.
Jean-Marie Klinkenberg enseigne les sciences du langage à l'Université de Liège. Ses livres ont été traduits dans une quinzaine de langues. Il est notamment l'auteur de Précis de sémiotique générale (éd. du Seuil, 2000) et de La Langue et le citoyen. Pour une autre politique de la langue française (Presses universitaires de France, 2001).
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