Ranger l'animal
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Le groupe d'Histoire du Droit des Colonies de Montpellier (HDC) poursuit sa réflexion sur l'impact de la norme en milieu contraint, considérant à la fois l'espace colonial français et ses analogies contemporaines. Après avoir porté un premier regard en 2011 sur la norme en matière d'environnement, il a une nouvelle fois rassemblé plusieurs chercheurs de disciplines aussi différentes que le droit, l'histoire, la pharmacie ou la philosophie pour questionner cette fois l'emprise de la norme sur l'animal.
Découvrir l’animal suppose de voyager dans l’espace et dans le temps, de passer par tous les continents – l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique… –, toutes les périodes – la Grèce antique, l’époque coloniale, celle contemporaine…Et partout et toujours, il apparaît qu’il dérange et échappe aux classifications dans lesquelles on cherche à le cantonner ou bien même, et ce n'est pas le moins surprenant, qu’il s'évertue à les reconfigurer. Et d’ailleurs, en dépit, ou à cause des 1460 articles répartis dans 37 codes différents que le droit français lui a déjà consacrés, il se retrouve encore aujourd’hui au cœur de notre actualité juridique la plus récente.
Serait-il trop compliqué pour pouvoir être rangé ? Il appartient en effet à tout un tas d’espèces qui se bousculent dans cet ouvrage : des bovins, des équidés, des canins, des poissons... et maintenant des primates non humains. Il répond de multiples fonctions : c’est un animal de laboratoire, un animal mis au travail, un animal de guerre… Il est affublé d'une quantité de qualificatifs : il est sacralisé, errant, transcatégoriel… Et même un simple bœuf n’est peut-être pas qu’un bœuf. Si l’animal n’était pas si compliqué, nous aurions réussi à le ranger.
En réalité, qu'il soit « singulier-pluriel » « transcatégoriel » ou envisagé de manière singulière, l'animal demeure comme le reste des choses auxquelles le Droit l'associe, l'objet de l'opportunisme de l'homme habile à en tirer le meilleur parti, la plus grande utilité, l'utilité primant la nature. De fait, quel que soit l’appareil normatif qu'on invente pour lui, et cet ouvrage le montre brillamment, l’animal finit toujours par révéler et finalement conjugue nos pluralités, nos diversités, nos points de vue « à partir d’un point » où l’Homme n’est jamais loin ou tout contre.
L'homme serait-il le vrai facteur de désordre de l'ordre animal ?
Eric de Mari, professeur d’histoire du droit et Dominique Taurisson-Mouret, ingénieur de recherche CNRS conduisent dans l’UMR « Dynamiques du droit » les recherches originales menées depuis plus de dix ans par Bernard Durand, professeur d’histoire du droit à l’université de Montpellier 1sur l’emprise du droit dans l’espace colonial français et ses conséquences sur les territoires ex-colonisés.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
