Carapace
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« Je m’appelle Alice et je rentre la tête.
C’est comme ça que je me pousse.
C’est comme ça que je m’enfuis, que je me sauve. Rentrer la tête, c’est ma fuite.
Devant un prédateur, je m’avale. C’est la vie qui veut ça. Je n’ai pas le choix.
C’est la mort qui me fait peur. Je n’ai ni dents ni griffes pour me défendre. Je suis
une proie trop facile. Je ne suis pas féroce pour deux sous. Je serais féroce si vous
y mettiez le paquet. Mais vous n’allez pas mettre une cenne dans ma benne.
Et je ne vais pas vous sauter en pleine face et vous défigurer. Je ne suis pas une
chienne enragée comme tout le monde. Je n’ai pas de crocs acérés pour lacérer
du viscère. Je ne suis pas là pour me battre. Je n’ai pas de dents pointues, pas
d’incisives, pas de molaires non plus.
Je n’ai pas de dents du tout. Je ne mords pas. »
Alice est une musicienne de rue, de trottoir et de parc, qui chante du Nirvana et quelques-unes de ses propres compositions. En compagnie de Maurice, son chat, elle traîne en ville trimballant dans une vieille poussette toutes ses affaires : une vieille guitare trouvée dans les poubelles à Westmount, un vieux parapluie, son abri — une grosse boîte de « cartron » ayant auparavant logé un frigidaire — et un vieux casque de guerre en métal. Un foulard sur son crâne rasé, noué derrière sa nuque, et d’immenses verres fumés lui cachant presque tout le visage, Alice se replie sur elle-même, loin à l’intérieur, parce qu’il fait trop mauvais dehors.
C’est sous le pseudonyme de Marie Auger que Mario Girard a publié la plupart de ses romans dont Le ventre en tête, J’ai froid aux yeux et L’excision. Après douze ans d’absence, l’auteur est de retour sur la scène littéraire avec un septième ouvrage, Carapace, où il renoue avec les thèmes qui lui sont chers et qui jalonnent son oeuvre : la solitude, l’enfermement, la maladie, la difficulté de dire et de vivre.
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