117 Nord
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Cinq cent vingt-neuf kilomètres séparent Val-d’Or de Montréal. Maude ne compte plus les allers-retours au volant de la Tercel turquoise que lui a donnée Francis.
Il y a l’atelier d’ébénisterie où elle travaille à Montréal et les installations de la mine, en Abitibi, où se trouvent encore les garçons qui l’ont vue grandir, deux univers masculins entre lesquels hésite l’héroïne de ce roman. Avec sensibilité et subtilité, Virginie Blanchette-Doucet nous fait entendre le silence de ces hommes, leur fragilité.
Ce roman charnel, qui explore le monde du travail manuel, est aussi un roman du territoire qui fait entendre la poésie de l’Abitibi, terre proche de la pureté originelle mais salie et meurtrie par l’activité humaine.
C’est surtout, enfin, un roman de la route, qui incarne à merveille le moment où tout change, où les frontières s’effacent et se redessinent. Maude verra sa vie basculer, elle vivra ce moment où elle réalisera qu’elle a laissé derrière elle l’enfance, l’adolescence, avec leur poids de souvenir et de magie, et où elle consentira, presque à son insu, à se soumettre à l’attraction de sa nouvelle vie.
J’ai oublié ce que c’était, d’avoir toute une maison pour soi. J’ai oublié beaucoup de choses. Le temps qui passe, l’heure qu’il est, des paysages entiers que j’absorbe et que j’efface aussitôt.
J’ai oublié cette maison. Le geste lourd d’une pelle mécanique vers la cheminée de briques.
Les fondations ouvertes et exposées aux intempéries; on n’a plus rien à faire du béton qui s’effrite, des poutres qui pourrissent.
L’Abitibi est trop belle et trop dure.
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