À l'oeil nu
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Moi qui affectionne tant l’esprit, l’esthétique baroque, j’avais pourtant une obsession, tenace et aussi bénigne qu’un ulcère : celle de «désencombrer le regard», à travers ce que j’écrivais là, au point de croire devoir absolument lui donner le titre que voilà, À l’œil nu. Mais pourquoi donc? Pourquoi donc? Désencombrer le regard de quoi, au juste? Le rendre «nu», ou délesté, de quoi, donc? Il m’est encore difficile et comme insupportablement douloureux de répondre à ça. Je n’ose évoquer, par exemple : les a priori innombrables, les images en flot continu, dans lesquels nous baignons, naturellement. Cela paraît si évident, et d’une bien-pensance terrible. Et puis, surtout, comme j’y baigne moi-même, naturellement, autant dire que je suis trempée jusqu’aux os. — M. R.
Embrassant des formes textuelles multiples (de la nouvelle aux vers, en passant par la prose poétique ou le dialogue philosophique), À l’œil nu fait se télescoper quelques époques lointaines et proches, et les regards d’enfants extralucides, de dictateurs éparpillés aux quatre coins de la planète, de jeunes femmes en mission, d’êtres liés par l’amour, la terreur ou la paranoïa – et de poètes-primates et de reines errantes, obstinément attachés à ne pas dévier de leur route, de leur joute.
Ce livre porte l’idée qu’appréhender les choses à l’œil nu demeure une manière redoutable d’accéder, dans la pudeur comme dans l’impudeur, à ce qui compose l’infini monde connu.
Née en 1975, Maggie Roussel a fait une maîtrise en littérature à l’Université de Montréal et des études en traduction à l’Université Concordia. Sous le pseudonyme Maggie Blot, elle a publié un livre de poèmes, Clémentine et Mars (Triptyque, 2002), et une fiction, Plagiste (dormir ou esquisser) (Triptyque, 2007). En 2010, elle publie Les occidentales au Quartanier. À l’œil nu est son quatrième livre.
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