Corps sans organes
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Entre Montréal et Abidjan, « à l’ombre d’un rêve qui attend de devenir une ville », Corps sans organes met en scène deux amants foulant le bitume « au-dessus des ruines de la blancheur ». Avec Ana, incarnation des femmes rencontrées hors du pays natal, le poète pose la question du devenir noir, s’arrachant la peau pour en libérer la mémoire, caressant celle de l’amoureuse comme un pèlerin des cicatrices désireux de « baptiser chaque plaie de noms qui trahiraient la nausée de [leur] passé le plus lointain ». En trois actes qui prennent parfois l’apparence d’un chant choral, le recueil aborde sans détour l’héritage colonialiste, le poids immense qu’il inflige aux corps et aux mots, et en appelle à la poésie pour dénouer l’apprentissage de la race. Colométrie de l’intime et litanie de résilience, ce deuxième recueil de Serge Agnessan rappelle magnifiquement que « tout reste à réécrire ».
je venais de découvrir les mots qui détournent le destin des astres, Ana
moi, devenu poète par accident grâce à l’orgueil d’un trou noir et la résilience des fleurs qui résistaient aux orteils de papa
c’est ainsi que les mots chez nous deviennent une porte ouverte sur la hantise et les blessures de l’histoire
tout s’y mêle et s’y confond
tout est prétexte à célébrer la schizophrénie de nos langues
personne chez moi ne parle sa peau
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