Gens du Sud n'aiment pas la pluie (Les) [version originale digitale]
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Carmen, le personnage central du roman est une femme simple, ballotée par l’Histoire. Une vie pleine de mystères, d’injustices et de misères; pleine de fatalités, d’espoirs, de résiliences et de joies; pleine d’amours. Femme de ménage chez les riches dès ses 10 ans, puis tour à tour chômeuse, mendiante, ouvrière d’usine, Carmen est une résistante. Née en Andalousie en 1897 dans une famille d’aristocrates ruinés, elle subira les affres d’une pauvreté extrême et la soumission à un mari brutal avant d’être plongée dans la tourmente de la guerre civile espagnole (famine, exécutions, bombardements). Elle traversera ce conflit du côté des républicains et sera forcée, devant l’avancée de Franco, de s’exiler en 1939, vers Alger, où elle sera internée dans un camp de concentration pendant plusieurs années. Vingt ans plus tard, la guerre d’Algérie la plongera à nouveau dans un conflit qui la mènera, une fois de plus, sur le chemin de l’exode, vers Marseille. Son histoire s’arrête en 1962, en plein milieu de la Méditerranée, sur le bateau qui la transporte en France.
Ce roman est en quelque sorte une biographie romancée puisque le récit rapporte en grande partie la vie de la grand-mère de l’auteure. Dans son prologue, l’auteure précise toutefois : « Seule l’imagination m’aide à redonner forme aux souvenirs que ma grand-mère me racontait, et c’est tant mieux! J’ai toujours détesté les romans historiques. La fiction a quelque chose de plus léger, de plus libre… de plus authentique! » (Les événements historiques dont il est question dans le roman sont cependant véridiques et documentés.)
Patricia Portella construit son roman sous l’angle de deux narrateurs: un «il» omniscient qui raconte l’histoire de Carmen et un «je», intercalé entre les chapitres, qui donne le point de vue naïf d’une enfant de dix ans. Cette narration au « je » installe un décalage subtil, empreint de tendresse et d’humour, entre les événements d’un passé tourmenté et leur perception par une enfant. Ainsi, le passé et le présent se chevauche continuellement : ce procédé ajoute au récit une forme de relative innocence et nous transporte au-delà de l’histoire racontée. En fait, ce « je » nous met en face de notre propre incapacité à vraiment saisir ou mesurer l’ampleur des drames humains que provoquent les guerres. Il y a l’histoire elle-même et le regard que porte une fillette sur un passé qui lui est totalement étranger.
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