Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident
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Ce qui a fait naître l’émerveillement des premiers penseurs grecs, c’est qu’il y a quelque chose plutôt que rien, donnant le coup d’envoi à une pensée de l’être développée de Parménide à Aristote et qui constitue le fondement de la philosophie occidentale. On trouve cependant, déjà dans la pensée grecque, une dénégation de la possibilité d’un discours sur l’être, d’abord chez Gorgias, contemporain de Socrate, puis chez le fondateur de l’école sceptique, Pyrrhon. A l’époque même où Parménide écrivait son poème, une pensée de la vacuité et du néant se développait en Orient dans le cadre du bouddhisme, laquelle met profondément en question la notion même d’ontologie. Cette pensée du rien resurgit en Occident à la fin de l’âge classique, avec ce premier philosophe véritablement moderne qu’est Kant, dans son Essai sur les grandeurs négatives et cette « Table du Rien » qui, dans La Critique de la raison pure, clôt l’Analytique transcendantale. Par la suite, le concept de négativité forme chez Hegel la matrice même de la pensée dialectique, alors que celui du néant constitue le coeur de la critique du nihilisme qu’entreprend Nietzsche, avant de redevenir, avec le Heidegger de Qu’est-ce que la métaphysique ? avec le Sartre de L’Être et le néant, et avec le dernier Merleau- Ponty, auteur de ce livre inachevé qu’est Le visible et l’Invisible, un thème fondamental de la pensée de l’apparaître.
Il s’agira donc d’interroger les diverses figures de cette pensée du néant et de la négation d’abord chez Gorgias et Pyrrhon, puis chez Nagarjuna, le plus grand penseur du bouddhisme indien (II-IIIe siècle) et chez Nishida (1870-1945), représentant fameux de l’école de Kyoto et du bouddhisme zen, avant d’en venir à l’idéalisme allemand avec Kant et Hegel, à la question du nihilisme européen avec Schopenhauer, Nietzsche et Heidegger, puis à la phénoménologie avec Husserl, Sartre et Merleau-Ponty.
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