Guérir du mal de l'infini
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C’est une idée pourtant simple mais qui paraissait il n’y a pas si longtemps encore incongrue : une croissance illimitée dans un monde limité est matériellement impossible. Et cette idée commence de plus en plus à être prise au sérieux. À l’exception des officines gouvernementales et des départements d’économie, oserions-nous dire! Ce n’est pas là l’une des moindres réussites que celle du mouvement de la décroissance d’avoir pu marteler ce message et nous rappeler qu’au fond, le propre de la société de croissance est de faire l’économie de la nature. C’est ce que ce livre nous rappelle avec brio.
Écrit par Yves-Marie Abraham, l’une des figures les plus en vue du mouvement de la décroissance au Québec, Guérir du mal de l’infini offre une synthèse remarquable des principes défendus par ce sociologue de l’entreprise enseignant à HEC Montréal. Retournant aux origines de ce mot-obus, pour reprendre l’expression de Paul Ariès, Abraham nous dessine avec clarté et concision les contours de ce que signifie l’objection de croissance. Livrant d’abord un convaincant plaidoyer pour refuser la croissance – vue comme autodestruction, injustice et aliénation –, il nous présente ensuite diverses avenues pour envisager une sortie des sociétés de croissance, en mettant au cœur de cette démarche la notion en vogue de communs. Faisant œuvre de pédagogie, Abraham confronte aussi la décroissance à ses critiques pour montrer l’incohérence de plusieurs d’entre elles. Car aujourd’hui, l’utopie ne consiste plus à admettre qu’une croissance sans fin dans un monde fini est impossible, mais bien l’inverse.
En tant que slogan, la « décroissance » a été lancée il y a maintenant un peu plus de quinze ans et ne peut plus être ignorée, à l’heure où les défis environnementaux et sociaux se font de plus en plus nombreux. Pour y voir plus clair et se donner des outils pour envisager d’autres manières d’être, ce livre propose en résumé une synthèse simple des principales idées associées à cette mouvance politique en plein essor, y compris en dehors de l’Occident. Il explore également des alliances possibles entre la décroissance et d’autres luttes politiques souvent ignorées par les premiers penseurs de la décroissance (féminisme, anticolonialisme, antispécisme). Enfin, sur le plan programmatique, il propose d’envisager la décroissance comme une transition d’un monde essentiellement fondé sur l’entreprise vers un monde fondé sur les communs.
Un ouvrage écrit dans une langue limpide et accessible appelé à devenir une référence en la matière. Pour reprendre le sous-titre d’un ouvrage codirigé par l’auteur et publié à notre enseigne en 2011, ce livre renferme assurément certaines des pierres de l’édifice que nous devrons construire pour la suite du monde!
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