Procès verbal
Procès verbal

Lefebvre-Faucher, Valérie  
  • Éditeur : Écosociété
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782897194390
  • Code Dimedia : 000205802
  • Format : Livre numérique PDF
  • Thème(s) : GÉOGRAPHIE & TOURISME, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Afrique, Censure / Liberté d'expression, Droit / Justice, Politique, Sciences humaines - Divers
  • Prix : 18,99 $
  • Paru le 12 novembre 2019
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: PROVER
  • Groupe: Sciences humaines
  • Date de l'office: 7 novembre 2019
  • Code DEWEY:
  • Langue d'origine: français
  • Traducteur:
EAN: 9782897194390

Aussi disponible en version numérique:

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Peut-on éditer et écrire librement? Valérie Lefebvre-Faucher déjoue les codes du droit et entre en littérature comme on entre en résistance.

« Mesdames et Messieurs mes juré.e.s,
 
La cause que vous entendrez ici est défendue depuis aussi longtemps que la parole. Je la plaiderai comme tant d’autres avant moi, sachant que ce procès n’aura pas de conclusion et qu’il faudra toujours recommencer à enquêter. Au long des pages qui suivent, il vous sera demandé jusqu’où vont le devoir et l’autorisation de parler, s’il est possible pour l’écrivain.e d’éviter la répression et comment étendre l’espace de parole acceptable. Je voudrais que vous considériez l’hypothèse selon laquelle le rôle de l’écrivain.e est justement d’étendre le champ de l’acceptable en testant perpétuellement ses limites et que cette action, malgré les jugements qu’elle appelle sans cesse et l’application de sentences variées, bénéficie à la collectivité. »
 
Ainsi débute le Procès verbal de Valérie Lefebvre-Faucher. Éditrice chez Écosociété au moment de l’affaire Noir Canada où deux multinationales ont intenté des poursuites en diffamation de 11 millions de dollars contre la maison d’édition indépendante et les auteur.e.s, elle a été profondément marquée par cet épisode de l’histoire du livre ainsi que par la tempête ayant provoqué le pilonnage puis la parution de l’ouvrage collectif Libérer la colère (Éditions du Remue-Ménage, 2018). Elle prend la plume pour réfléchir à la parole, à l’édition, au rôle de la littérature. Qu’est-ce que la liberté d’expression et pourquoi en voulons-nous? L’auteure propose un procès littéraire où elle est à la fois témoin, accusée, procureure, experte. Les témoignages, les rapports d’experts, les interrogatoires, les plaidoyers, toutes les étapes du procès y passent, sous son regard d’écrivaine, où l’interdit devient moteur créatif. Texte au souffle littéraire et poétique puissant, elle s’adresse à nous, à la barre du tribunal des mots, pour garder une trace de ce que l’on a voulu faire taire. Partant de son témoignage comme éditrice, qui a vu son rapport à la culture, à la parole et à la société transformé par ces poursuites, elle s’inscrit également dans une histoire plus grande : celle de livres et de personnages d’écrivain. e.s qui, face au droit, se ressemblent, de Victor Hugo au Comité invisible en passant par Les fées ont soif.
 
Son histoire et le fruit de ses réflexions, exposés comme des pièces à conviction à assembler, tentent de reconstruire « la vérité » et d’en juger. Car être dans la littérature, c’est aussi être là où on ne veut pas regarder, là où la parole peut agir et déranger. Convaincue que les savoirs et les lois littéraires saisissent bien des choses que les outils traditionnels du droit laissent dans l’ombre, l’auteure nous amène à réfléchir aux métiers de la parole, à leur rapport à la société et à la justice. Elle réfléchit également à la parole militante, au politiquement correct, aux dénonciations, aux discours haineux, toutes ces formes de parole qui font l’objet d’affrontements ou qui connaissent actuellement des transformations, à l’heure de la publication quotidienne sur les réseaux sociaux. Pour libérer la parole tue, Procès verbal agit aussi comme rituel de jugement, d’expiation et, peut-être, de réparation.
 
Je reviens en littérature avec une connaissance intime du danger. Même si nous voulons bien croire à notre très vaste liberté de pensée et d’expression, les livres continuent de servir de pièces à conviction et les autorités épient, avec un zèle et des moyens qu’on croirait tirés de la science-fiction, la parole qui ne se contente pas de distraire.
 




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