Il se fait tard
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À l’instant de ma mort, je souhaite être seul. Tant mieux si je suis dans un transat, face à la mer. On imagine que von Aschenbach revoit sa vie en un instant, qu’il songe à la beauté qu’il a imparfaitement évoquée dans ses œuvres. Moi qui ne serais au mieux qu’un honnête artisan des mots, je souhaiterais au moment de mon entrée dans le néant revoir en un éclair des gestes de femme, les tiens, Lise, et entendre des voix d’enfants. Ce serait pour moi une mort presque convenable. Mais je serais seul. Ne pas me donner en spectacle.
Parmi les œuvres de fiction que Gilles Archambault nous a données se glisse un courant autobiographique, auquel se rattachent des livres comme Un après-midi de septembre, où il évoque la mort de sa mère, ou Qui de nous deux?, qui est un hommage à toute une vie partagée avec une femme. Gilles Archambault s’y révèle un mémorialiste attentif, subtil, d’une franchise souvent bouleversante même s’il se tient à mille lieues de l’indiscrétion, du sentimentalisme.
Il se fait tard appartient au même courant. C’est sa carrière d’écrivain qu’il embrasse ici du regard, rappelant ses débuts, ses modèles, ses compagnons de route. Il déploie les mêmes qualités de styliste qui marquent toute son œuvre et qui refusent joliesse inutile et souci décoratif. La sensibilité qui s’y exprime nous rappelle toutefois à chaque page que cet écrivain n’a jamais cessé d’être également un homme, un amoureux, un père.
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