Mort à la baleine
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À la fin des années 1960, près d’un minuscule port de pêche accroché à la côte isolée du sud-ouest de Terre-Neuve, une énorme baleine, un rorqual commun, se retrouve captive d’un étang salin coupé de la mer par le jeu des marées. Pêcheurs et employés de l’usine locale de transformation du poisson réagissent alors comme l’auraient fait leurs lointains ancêtres armés de harpons, à cette différence près qu’eux sont équipés de carabines de chasse : ils convergent vers Aldridges Pond pour se mesurer au géant encerclé.
Mais un homme, un écrivain doublé d’un écologiste avant la lettre, installé sur ce même bout de côte, va prendre la défense du monstre mal aimé. Pendant que des centaines de balles d’acier s’enfoncent dans le lard du majestueux cétacé, il remue ciel et terre pour lui venir en aide, au risque de s’aliéner une population locale ancrée dans ses atavismes et ses traditions. Au début, les tirs des chasseurs ne font que chatouiller l’animal. Mais confiné à sa prison d’eau salée, le voici exposé à la cruauté et aux calculs des humains. C’est le sort de ce Gulliver des temps modernes que raconte Farley Mowat dans Mort à la baleine.
À travers ce récit d’un épisode vécu, il relate aussi la guerre insensée livrée par l’humanité aux mammifères marins, sous le couvert d’une exploitation industrielle absurdement destinée à convertir des êtres vivants intelligents en produits de parfumerie et en pâté pour chiens. Paru en 1972, Mort à la baleine allait faire de Mowat une figure de proue du mouvement écologiste et en particulier du combat, aux allures de bataille navale, mené par les bateaux de Greenpeace et de la Sea Shepherd Conservation Society contre les nations baleinières de ce monde.
La chasse commerciale a cessé, mais dans nos mers qui se réchauffent, sillonnées de cargos et de bateaux de touristes et truffées d’engins de pêche, les baleines ne sont pas tirées d’affaire pour autant.
Traduit par Christophe Bernard.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.