Nuit de combat
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Aujourd’hui, grand-maman s’est enfin rappelé que je suis censée aller à l’école, même si ça fait cinquante-neuf jours que je reste à la maison. Pourquoi tu n’es pas à l’école, toi? a-t-elle demandé. Je n’ai pas répondu parce qu’elle a posé la question comme un policier et qu’elle ne répond jamais aux questions des policiers, alors pourquoi est-ce que je le ferais? Tu t’es battue? a lancé grand-maman. J’ai fait ce qu’elle fait toujours quand les policiers débarquent : j’ai brandi un téléphone cellulaire imaginaire pour l’enregistrer.
Swiv a été renvoyée de l’école après s’être battue… encore une fois. Et, ce coup-ci, la petite fille de neuf ans n’est pas près de remettre les pieds en classe. Il faudra que les adultes de la maison s’occupent de son éducation. Enfin, certainement pas son père, absent depuis des lustres, ni sa mère, enceinte jusqu’aux yeux, qui revient toujours épuisée et exaspérée du théâtre où elle enchaîne les répétitions. Ce sera donc sa grand-mère, l’exubérante Elvira, qui jouera les enseignantes à domicile, entre quelques pilules pour le cœur et un match des Raptors de Toronto à la télé. S’ensuivront mille et une leçons plus loufoques les unes que les autres au cours desquelles Elvira fera à sa petite-fille le récit de sa vie. Une vie où elle aussi a dû se battre plus d’une fois, contre tous ceux – et ils sont nombreux – qui ont voulu la priver de sa joie et de son indépendance.
Porté par la voix inoubliable de Swiv, qui manie le sarcasme avec une dextérité sans égale, Nuit de combat nous livre l’histoire d’une famille pas tout à fait comme les autres où les fous rires, les crises de nerfs et les moments de liesse ne laissent aucune place au silence et à l’indifférence. Avec ce roman survolté à l’écriture jubilatoire, Miriam Toews signe une ode à trois générations de femmes qui n’ont jamais peur d’élever le ton contre les hommes et les dogmes qui veulent les faire taire.
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