Contre-révolution précède la révolution (La)
Contre-révolution précède la révolution (La)

Lambert, Renaud  
  • Éditeur : Raisons d'agir
  • Collection : Raisons d'agir
  • EAN : 9791097084318
  • Code Dimedia : 000235272
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Sociologie / Anthropologie
  • Pages : 160
  • Prix : 22,95 $
  • Date d'arrivée en librairie à confirmer
  • Statut : À paraître
  • Code de recherche: CONRPR
  • Groupe: Indéterminé
  • Date de l'office: Donnée non disponible
  • Code DEWEY:
  • Langue d'origine: français
  • Traducteur:
EAN: 9791097084318

Pourquoi la gauche perd-elle? Répondre à cette question est devenu un genre à part entière. En particulier chez certains intellectuels de gauche, qui manifestent une forme de fascination pour l’échec. Pour décortiquer les raisons du fiasco, ils dénoncent le consumérisme et la toute-puissance de la finance, ils éreintent des dirigeants capitulards et des stratégies mal calibrées, ils vilipendent une compréhension du monde trop peu raffinée et les transformations du langage au sein du camp progressiste. S’il est fondé, leur verdict prend toutefois le plus souvent la forme de l’autopsie : la gauche qui les passionne est celle qui gît.
 
Or, ces analyses omettent en général d’envisager que, si la gauche perd, c’est avant tout parce que ses adversaires l’emportent. Parce qu’à chaque étape des processus politiques, dans chaque recoin des institutions, dans tous les compartiments de la société, ils ont déposé des verrous barrant la voie à la transformation sociale. Parce qu’ils modifient les règles du jeu afin de faciliter d’autres triomphes. La gauche perd parce que la contre-révolution est à l’œuvre.
 
À la fin des années 1960, l’historien américain Arno Mayer formule l’hypothèse que la contre-révolution constitue « la face oubliée de l’histoire de notre époque ». Le sociologue Herbert Marcuse complète l’analyse : en dépit du sens commun qui présente la contre-révolution comme une réaction à une processus révolutionnaire, le phénomène réactionnaire précède en général les tentatives de renversement de l’ordre social. « La contre-révolution est largement préventive », écrit-il en 1972. Même lorsqu’aucune menace ne plane, c’est « la peur de la révolution » qui dicte leur conduite aux dominants. Bref, la contre-révolution précède la révolution.
 
Achat de dirigeants politiques, de journalistes, de médias, financement de formations politiques, création de formations politiques, grève de l’investissement, lockouts patronaux, recours à la coercition, répression des mouvements sociaux, coups d’État, putsch, destitutions parlementaires en tous genre, instrumentalisation de la justice : la panoplie des contre-révolutionnaires est d’autant plus large qu’ils ne se sentent jamais contraints par l’exigence démocratique.
 
Mais quand l’attention se porte sur la contre-révolution et que son vrai visage apparaît, quand le peuple constate comment les dominants utilisent la démocratie dès lors qu’elle ne les sert pas, quand Macron et le pouvoir qu’il incarne ne peuvent plus cacher leurs intentions et que la vérité de leurs pratiques politiques éclate face la mobilisation contre leur réforme des retraites, alors il apparaît que la politique n’est pas un cénacle où l’on échange des arguments mais une arène où doit s’engager un véritable rapport de force.




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