A l'écoute du jeune Balzac
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Le « jeune Balzac », celui que l’on appelle parfois de façon commode « Balzac avant Balzac », est une fiction en quête d’auteur, et l’on est tenté de se demander si ce Balzac a jamais existé. En 1819, au sortir de l’adolescence, il n’est qu’un petit clerc d’avoué, en rupture de basoche, qui prend acte de deux fatalités modernes incontestablement révolutionnaires : le roi est mort, notre âme n’est plus immortelle. Ce seront les thèmes de ses deux premières oeuvres (Cromwell et le Discours sur l’immortalité de l’âme). L’ambition du débutant s’érige sur ce vide prometteur. Comment le « jeune Balzac », dépassant ce solipsisme initial, en est-il venu à écrire Le Dernier Chouan, prélude à La Comédie humaine ? Nous avons réuni tous les documents susceptibles d’éclairer cette improbable et tardive mutation qui demanda dix ans.
Ces années cruciales, détaillées ici, ne forment pas, dans la carrière de Balzac, une séquence régie par les contraintes chronologiques d’un avant et d’un après. Ceci est important. Nous n’avons pas affaire à une « tranche de vie », à un « épisode » biographique, au récit d’une crise morale, mais à un drame dans un drame — drame humain et littéraire au sein du drame historique et social —, à un récit concentrique délimité par deux dates. La première est la mort de Louis XVI ; la seconde, en 1829, la mort du père de Balzac, qui coïncide avec la publication du Dernier Chouan et avec l’adoption par Honoré de son patronyme, solennel avènement d’un nouveau règne balzacien.
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