Humilité et profanation
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Si le premier roman de Roger Lemelin (1919-1992) apparaît de prime abord humoristique et pittoresque par sa description de la vie paroissiale dans la basseville de Québec au tournant des années trente, il n’en mène pas moins un combat contre un certain discours catholique qui exalte l’humilité, la piété de la pénitence et la sainteté crucifiante. Dans son étude sur Au pied de la pente douce (1944), Jacques Cardinal analyse l’ironie profanatrice d’une oeuvre qui dénonce la duplicité de nombreux personnages, et l’incidence tout aussi profanatrice d’une représentation de la souffrance, de l’humiliation et de la mort qui ne s’inscrit pas d’emblée dans le discours de l’Imitatio Christi. Ce refus d’une sublimation chrétienne inspirée de la Passion ouvre la voie à l’expression d’un réalisme jusque-là plutôt rare dans notre histoire littéraire. C’est une dimension particulière de notre héritage catholique — si ce n’est un aspect du récit identitaire du Canada français — que cette écriture met en procès, en mêlant au rire l’esprit conquérant et la détresse sans rédemption.
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