Précipité
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Le ou les narrateurs de ces nouvelles résolument hostiles au réalisme ambiant et à l’ironie doucereuse de mise dans une certaine jeune littérature française pourraient parler pour ne rien dire. Mais ils s’acharnent à commenter, trahissant une volonté farouche d’interpeller le sens commun et d’échapper aux représentations admises, quitte à friser l’inconséquence... et à faire vaciller sur leurs bases la raison et la morale. Nécessité anxieuse de se dérober aux déterminations imposées du dehors comme aux démons intérieurs, angoisse et révolte de ne pouvoir s’exprimer - donc être - autrement que dans et par la langue des autres, peur et refus d’étouffer sous la bourbe des conventions et des vérités sociales, etc.... ces narrateurs pathétiques et bouffons - à l’instar de leurs personnages - s’emploient maladroitement à justifier l’injustifiable et à questionner l’évidence, en usant de tous les registres - persifleurs, candides, espiègles et cyniques tour à tour, ou tout à la fois - pour inlassablement remettre en jeu et en balance leur relation à eux-mêmes et aux autres, leur responsabilité et celle de tous, etc. Entreprise périlleuse et frivole, salutaire et dérisoire, non exempte de revirements et de chausse-trappes, où l’on paye au prix fort le culot des insinuations et l’insolence des certitudes. Jeu de massacre où tel est pris qui croyait prendre, et où l’on devine que rien, sinon l’attention aux autres et à soi-même, ne peut permettre à l’homme de respirer.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
