Beaux jours d'Aranjuez (Les)
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On a trop oublié les événements que furent en France les créations des grandes pièces de Peter Handke montées par Claude Régy, avec des acteurs comme Jeanne Moreau, Gérard Depardieu, Michael Lonsdale.
Grand écrivain, Handke est aussi un merveilleux auteur de théâtre. Les pièces montées à Paris l’automne dernier nous l’ont rappelé : Outrage au public, recréé par une jeune compagnie belge au théâtre de la Bastille, ou tout récemment la lecture de Jusqu’à ce que le jour vous sépare et de Souterrain blues au théâtre du Rond-Point par André Marcon et Sophie Semin.
Comme Jusqu’à ce que le jour vous sépare, écrit comme une suite de La Dernière Bande de Beckett, Les Beaux Jours d’Aranjuez a été écrit directement en français, l’été dernier. C’est un très émouvant dialogue sur l’amour, dans une tradition que l’on pourrait faire remonter au Banquet de Platon. Une femme et un homme, dans la complicité que permettent sans doute une longue intimité et la beauté d’un soir d’été, parlent de l’amour, de la première fois, échangent des souvenirs intimes heureux ou malheureux dans un jardin qui est comme le premier jardin. Ils en parlent comme s’ils cherchaient à se remémorer chaque fois ce qui, dans l’amour et jusque dans ce qu’il peut avoir de trivial, de dur parfois, exalte l’homme et la femme jusqu’à les hausser au rang de rois et de reines, les illumine d’une lumière qui en fait l’égal des dieux. Et à ces souvenirs se mêlent, comme toujours chez Handke, des descriptions qui témoignent d’une attention exceptionnelle au monde, à la nature, à ces signes presque imperceptibles qui sont indissociables des mystères de l’amour que l’homme et la femme cherchent à déchiffrer.
La version allemande de ce livre paraît ce mois-ci chez Suhrkamp.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.