Ce côté-ci des choses
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Ce côté-ci des choses est le premier livre que fait paraître Bertrand Bergeron depuis Visa pour le réel (1993). Après un si long silence chez un écrivain, on se demande spontanément si sa manière a changé ou si l’on retrouvera ce qui, s’agissant de l’auteur de Parcours improbables, l’avait imposé non seulement comme un chef de file de la nouvelle, mais aussi comme l’un des rénovateurs des lettres québécoises.
La réponse tient des deux, continuité et renouvellement : d’une part, quelques pages, quelques lignes permettent de retrouver le ton alerte du Bergeron de Maisons pour touristes, ce goût, cet appétit qu’il a pour le récit, avec cette manière unique de tendre des pièges aux personnages (donc : aux lecteurs) ; d’autre part, on a l’impression que l’humour subtil (au sens premier du terme : mobile, presque aérien) imprègne les intrigues d’une sérénité nouvelle, humour né tantôt des comportements des personnages, tantôt de ce qu’on peut faire dire aux mots au-delà de l’usage un peu guindé auquel l’on s’en tient ordinairement.
C’est que, justement, la vie ordinaire n’a rien d’ordinaire, pour peu qu’on s’y arrête, que ce soit à Magog ou sur le quai de la gare où passera… peut-être le train de banlieue, que ce soit au parc d’amusement, dans un café ou au travail. Bergeron s’entend à tirer parti de la mise en situation la plus simple, la plus reconnaissable (les enfants sont absents de la maison, un homme appelle sa vieille mère, un centre-ville déserté, etc.) et à en tirer un développement inattendu, parfois fantastique : n’est-ce pas l’essence même du fantastique moderne, c’est-à-dire le point de bascule entre le connu, trop connu et l’inconnu ?
Quand s’effectue ce passage, on se retrouve curieusement, magnifiquement de ce côté-ci des choses…
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