À la fin ils ont dit à tout le monde d'aller se rhabiller
| Aussi disponible en version numérique: |
Les Éditions de Ta Mère continuent de prouver leur amour des livres aux très longs titres en présentant le tout premier roman de Laurence Leduc-Primeau, À la fin ils ont dit à tout le monde d’aller se rhabiller. Ce récit en fragments, comme une série d’esquisses exotiques aussi drôles que poétiques, met en scène Chloé, jeune femme en exil volontaire dans une ville étrangère où elle jongle entre un désir extrême de solitude et une fascination croissante pour ses colocataires et le pays qui l’abrite. C’est un récit d’errance, oscillant entre la vacuité maussade de l’existence et sa beauté incongrue, surgie de nulle part au détour d’une rue inventée d’Amérique du Sud.
Extrait
Je confonds tout. Les sons se mélangent, pareils aux autres. Emilio au téléphone. Comment savoir si c’est vraiment lui? Je ne sais même pas combien ils sont. J’atterris dans ce pays, je manque de m’effondrer dans ses bras. C’est ridicule, il ne sait pas où se mettre. Chloé? Il se raidit. Hum, luggage? Je tiens l’adresse d’une main. C’est tout ce que j’ai, un bout de papier chiffonné écrit 34 B dessus.
Encore gêné, il pointe le fond de la cour intérieure, me laisse passer. Du marbre par terre, quelque chose qui a déjà été beau. Il attend que je monte, reste à l’écart. Mes pieds sont fatigués, les marches sont fatiguées. Je grimpe, un pied devant l’autre, pour ce qui me semble une éternité. Here, to the left.
La clé qu’il me tend pèse quatre tonnes. Une clé antique faite pour ouvrir les boîtes à secrets, dans les films. J’entre. Il regarde l’état de mes vêtements et me prête un t-shirt. Dedans, j’ai quinze ans.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.