Journal de mon jardin
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Interdite de littérature - mais pas de caresses - par Virginia Woolf, Vita Sackville-West prend en un éclair conscience des trésors qu'elle possède : un mari et un jardin. Son mari, le diplomate Harold Nicholson, conçoit l'architecture et dessine les plans de ce qui deviendra le somptueux jardin de Sissinghurst dans le Kent, que Vita, mi-gitane andalouse, mi-grande dame anglaise, transgressant sans vergogne les règles de l'art des jardins, transforme à quatre mains : la gitane zingari fait surgir de terre une mosaïque de couleurs, une jungle asymétrique, une orgie dans l'aurore ou le soleil couchant, l'aristocrate anglaise, qui n'aime que la lune froide, un extraordinaire jardin blanc : Attention, prévient-elle « j'aime la couleur, qui me met en joie, mais j'ai une prédilection pour le blanc. Les ombres d'un vert glacé que la blancheur peut prendre sous certains éclairages, au crépuscule ou au clair de lune, surtout au clair de lune, peut-être, font du jardin un rêve, une vision irréelle, et l'on sait cependant qu'il ne l'est pas le moins du monde puisqu’il a été planté exprès. »
Ce livre, en même temps qu'un superbe traité d'horticulture, est la réponse d'une femme chaude – mais sans transparence intérieure – à une femme froide, papesse des lettres anglaises de son temps, qui l'a interdite d'écriture, la réponse d'Orlando à Virginia.
De qui parle la jardinière quand elle écrit : « Molly est morte dans mes bras. » De sa mère, Lady Sackville ? D'une fille de ferme troussée dans le foin ? Non, d'une violette verte. « Molly l'irlandaise est morte dans mes bras, mais l'euphorbe sans coeur n’a fait que croître en vigueur ».
Vita Sackville-West est une romancière et poète anglaise, à l’exubérance attachante. Mariée à un aristocrate anglais, Harold Nicolson, elle couvre leur jardin du hâteau de Sissinghurst d’une palette de tons mentholés et glacés, piqués de quelques couleurs franches. Amante de Virginia Woolf pendant une dizaine d’années, elle entretient avec cette dernière une correspondance prolifique et ombrageuse, qui intimidera quelque peu son goût pour la prose. Elle est pourtant l’auteur de romans reconnus, tels que All passion spent (1931) et The Edwardians (1930) ainsi que de recueils de poésie lauréats à deux reprises du prix Hawthornden (pour The Land et Collected poems). On retrouve dans son Jardin anglais, une même aisance pour la prose que pour la poésie et une grande finesse dans la composition de ses descriptions, calquant le mouvement intime des plantes, en fuseau, en bouquet, ou en moutonnement.
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