Dans son Électre, Sophocle traite la séquence mythique de la vengeance des enfants d’Agamemnon sur les assassins de leur père, leur mère Clytemnestre et son amant. Revenu à Mycènes après des années d’exil, Oreste se fait passer pour mort et s’introduit ainsi auprès de Clytemnestre, tout en désespérant sa soeur, Électre, qui ne vivait que pour maintenir vivace le souvenir de son père, haïr sa mère et attendre le retour du vengeur. Après que le frère et la soeur se sont finalement reconnus, Oreste tue Clytemnestre, hors de la vue d’Électre, mais sous ses encouragements, tandis que la mort d’Egisthe interviendra après la conclusion de la pièce. La tragédie progresse au rythme de l’alternance des parties parlées et des parties chantées et dansées par le choeur, qui, s’il est un élément essentiel de toute tragédie grecque, joue un rôle important, en tant que personnage, dans Électre. Le commentaire littéraire qui suit chaque partie vise à faire apparaître les rouages du mécanisme de la machine tragique, en s’appuyant sur des analyses précises du texte grec, et en donnant toute sa place à la dimension spectaculaire dont le texte garde les traces. Son but est d’éclairer une oeuvre que distinguent sa violence et son ambivalence, puisque, tragédie du retour du prince revenu prendre possession de son héritage, tragédie de la vengeance et du châtiment, Électre est aussi une tragédie de la philia, où les liens familiaux sont constamment remis en question, où le caractère ambigu et paradoxal de la philia reflète l’ambiguïté attachée au matricide.
 

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