Sommeil d'Europe
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Voyages, déplacements, migrations, exils – l’oeuvre de Yoko Tawada s’intéresse essentiellement aux mouvements. Née à Tokyo, venue s’installée en Allemagne au début des années 1980, elle ne cesse de voyager entre les pays et les langues. Mais son point d’ancrage semble bien être l’Europe, qu’elle commente et évalue au gré de ses voyages, de ses départs et de ses retours. Comme dans L’Oeil nu ou Le Voyage à Bordeaux, on retrouve dans Sommeil d’Europe ce qui marque régulièrement l’oeuvre de Yoko Tawada : une femme asiatique arrive en Europe et fait l’expérience de la fascination et de l’étrangeté. Ce récit est une prose qui fonctionne sur l’enchaînement des images, des sensations, des associations d’idées souvent suggestives. Un récit non fragmenté, fait d’aller-retours dans le temps.
Dans cette libre auto-fiction, la narratrice se remémore son arrivée à Vienne trente ans plus tôt. A l’époque, la jeune japonaise reçoit une bourse pour étudier la musique classique en Autriche. Elle découvre la ville lors de ses promenades matinales, se trouve être de plus en plus fascinée par l’architecture viennoise, son histoire, sa peinture et sa littérature (Brueghel, Hofmannsthal...). C’est ce nouveau souffle culturel qui lui inspirera de nouveaux projets de composition, et lui vaudra d’être invitée à la découverte de nouveaux horizons européens : Berlin. Dans la capitale allemande où elle s’installe, elle fait de nombreuses rencontres ; un guitariste australien qui ne souhaite parler qu’anglais, l’autrichienne Maria-Theresia qui vit avec Svène, un Slovaque, et Polina qui vient d’Ukraine. Ces rencontres l’amènent à s’interroger sur la question des frontières, de l’identité et de l’appartenance à un territoire.
Le titre fait référence au mythe d’Europe, princesse du même nom qui, avant de faire la rencontre de Zeus métamorphosé en taureau, voit en rêve deux femmes se battre pour elle : l’Asie, terre mère, et l’Occident « Terre d’en face ». Yoko Tawada déploie deux visions de l’Europe : L’attraction qu’elle produit, et le protectionnisme qu’elle peut mettre en oeuvre pour se « protéger ».
Yoko Tawada vit en Allemagne depuis 1982, et s’est installée à Berlin en 2006. Elle a étudié la littérature à Tokyo à l’Université de Waseda d’où elle est originaire, à Hambourg et à Zurich. Elle est l’auteure de pièces de théâtre, poèmes, essais et de nombreux romans dont sept sont traduits aux éditions Verdier. En 2016, elle reçoit le Prix Kleist en Allemagne pour l’ensemble de son oeuvre.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.