Mes favorites
Mes favorites
suivi de Sissinghurst, un poème
Sackville-West, Vita  
Reumaux, Patrick (Traduit par) 
Rust, Graham (Illustré par) 
  • Éditeur : Klincksieck
  • Collection : De Natura Rerum
  • EAN : 9782252044940
  • Format : Broché
  • Pages : 150
  • Prix : 35,95 $
  • Paru le 16 novembre 2020

Quand Virginia Woolf, aussi fascinante et au venin aussi meurtrier que cette horreur, la vipère du Gabon (Bitis gabonica) la mord au cœur en lui disant qu'elle écrit « de l'extérieur » – sous-entendu qu'il vaudrait mieux qu'elle fasse autre chose – Vita Sackville-West aurait pu répondre qu'elle, Virginia, ne connaissait rien au jardinage, occupation tout aussi meurtrière, si on la conçoit comme un des beaux-arts.
 
Elle ne le fit pas, sans doute parce qu'elle était trop blessée, trop généreuse et, même si c'est démodé, trop bien élevée pour faire ce genre de répartie.
 
Il faut lire ce petit livre, musical comme un jardin Anglais, pour retrouver à la fois l'artiste et la jardinière, c'est-à-dire aussi bien des images de rêve que des conseils pratiques à toutes celles (ceux) qui ont ou désirent avoir la main verte.
 
La main d'un maître, écrivait Rimbaud, anime le clavecin des prés.

AUTEUR(S)

Vita Sackville-West (1910-1982) est une romancière et poète anglaise, à l'exubérance attachante. Mariée à un aristocrate anglais, Harold Nicolson, elle couvre leur jardin du hâteau de Sissinghurst d'une palette de tons mentholés et glacés, piqués de quelques couleurs franches. Amante de Virginia Woolf pendant une dizaine d'années, elle entretient avec cette dernière une correspondance prolifique et ombrageuse, qui intimidera quelque peu son goût pour la prose. Elle est pourtant l'auteur de romans reconnus, tels que All passion spent (1931) et The Edwardians (1930) ainsi que de recueils de poésie lauréats à deux reprises du prix Hawthornden (pour The Land et Collected poems). On retrouve dans Journal de mon jardin, une même aisance pour la prose que pour la poésie et une grande finesse dans la composition de ses descriptions, calquant le mouvement intime des plantes, en fuseau, en bouquet, ou en moutonnement.

Extrait

« Ce petit livre est très personnel et donc très arbitraire. Il ne contient que deux douzaines des plantes que j'aime faire pousser dans mon jardin, et, à première vue, il peut sembler qu'il n'y a aucun lien dans ce choix de plantes. J'espère pouvoir expliquer qu'il y en a. Le livre ne s'adresse pas au professionnel, mais au jardinier amateur. Ce pays est un pays d'amoureux des jardins, et ils sont nombreux à être peut-être lassés de faire pousser, une année après l'autre, exactement les mêmes choses que leurs voisins, et à chercher quelques extra entrant dans les limites de leur bourse, de leur temps et de leur savoir. Tout le monde sait faire pousser giroflées, lupins, pieds d'alouette ou mufliers. Loin de moi l'idée de négliger l'un ou l'autre de ces précieux alliés, mais il vient toujours un moment où le véritable amoureux des fleurs se tourne vers quelque chose de moins habituel et de moins évident. C'est ce type de jardinier que j'ai en tête. Bien que chacune des fleurs que j'ai choisi de décrire soit comparativement facile à faire pousser et à un prix abordable, elle possède, je pense, non seulement une qualité bien à elle et n'est pas souvent aperçue dans les jardins.
 
Par qualité bien à elle, j'entends quelque chose qui mérite qu'on fasse d'elle ‘‘une fleur de peintre’’. C'est-à-dire dont la beauté, ni criarde ni perceptible au premier coup d'œil, demande, pour être perçue, d'être mesurée sur une échelle de valeurs différant totalement de celles avec lesquelles on juge, disons, une bordure herbacée à la masse de couleurs qu'elle exhibe au plus fort de l'été. Les fleurs choisies pour ce petit livre n'ont rien à faire dans le grand jardin proprement dit, même si certaines d'entre elles peuvent y trouver une place. Je les ai choisies en fonction de la beauté de leur forme, de leurs couleurs, de leurs dessins ou de leur texture. Pour tout dire, elles demandent à être regardées de très près, si l'on veut en apprécier la beauté ou l'étrangeté. Ce sont des fleurs qui ont fait – ou qui devraient faire – le délice des peintres. »




NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.