Gaëtan Brulotte parle de ce qui l’a animé toute sa vie, soit l’amour des mots, des histoires inventées et du pouvoir transformateur de la littérature. Il livre un discours authentique, mais surtout très érudit sur ses lectures, ses débuts comme écrivain, comme professeur, et sur ce que le temps lui a appris. Il traite longuement de son attachement pour le genre de la nouvelle qu’il fréquente assidument, et qu’il pratique encore.

Écrire pour résoudre ce vieux paradoxe de la littérature qui nécessite de se retrancher des autres alors que pourtant on ne respire que pour eux et en leur compagnie ; de s’isoler de la vie, alors qu’on n’a pas d’autre intérêt qu’elle.
Écrire pour cracher un morceau de ciel qui fondait sous la langue, ouvrir la porte du songe, lever les vannes de l’émotion et son intellection.
Pour renouveler sans cesse la méditation poétique sur la nature, les travaux et les jours, l'existence, l'univers, la fragilité de tout.
Pour saupoudrer un peu de sens autour de soi et esthétiser les problèmes du monde, pour consoler et faire du bien.
Pour accueillir et tendre la main à l’autre par solidarité.
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Écrire pour éveiller, puisque sans la conscience qui palpite au coeur des oeuvres on vivrait au ras des choses, peu soucieux d'infini.
Pour développer une attention extrême au monde, stimuler la vigilance, maintenir un état d'alerte.
Pour sonder et redorer d’émerveillement l’insignifiant et le plus modeste recoin du réel.
Pour fournir des munitions aux rebelles de la pensée.
Pour dé-familiariser, distancier, relativiser, fonctions motrices de la littérature pour moi par lesquelles le
réel semble rafraîchi, comme sous le regard d’un enfant curieux.

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