Expérience esthétique (L')
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L’expérience esthétique marque un moment important dans le dialogue entre Bernard Aspe et Jacques Rancière, qui a accompagné et nourri leurs travaux respectifs depuis de nombreuses années. Il y a vingt-cinq ans, Bernard Aspe et Muriel Combes avaient proposé un entretien autour d’une notion dont ils avaient repéré la furtive apparition dans le livre La Mésentente : le partage du sensible. Cet entretien fit l’objet d’un petit livre, publié à La Fabrique, qui devint rapidement une référence pour le monde de l’art, et engagea Jacques Rancière dans un long travail d’éclaircissement de ce « partage » qui lie art et politique.
Depuis lors, leur conversation s’est poursuivie, parfois informelle, parfois dans des cadres publics, comme à l’occasion de l’échange qui fait l’objet de ce petit volume, qui leur a donné l’occasion de systématiser les avancées de leur conversation autour de cette notion, vingt-cinq ans après ses premières formulations.
On trouvera dans ce livre une ressaisie des réflexions de Jacques Rancière sur le partage du sensible, ainsi qu’une analyse à la fois rétrospective et prospective de la question de l’esthétique en tant que socle commun de l’art et de la politique. Cette traversée touche de manière directe et synthétique aux questions fondamentales que les travaux de Jacques Rancière s’efforcent d’explorer et d’éclaircir depuis vingt-cinq ans : la question du sensible en tant qu’expérience d’un monde commun et les implications politiques de cette idée; le rapport entre art et révolution; les promesses et les impasses de ce qu’on appelle l’art critique et l’art comme foyer de résistance.
« Bernard Aspe a fait en sorte que cet entretien soit tout autre chose qu’une évocation de souvenirs. Il a choisi, en effet, de revenir sur l’ensemble des notions et des analyses que j’ai pu développer en un quart de siècle, autour de la logique paradoxale qui n’a cessé, depuis deux siècles, de pousser l’art à sortir de lui-même. L’entretien qu’on lira constitue donc en même temps la suite du Partage du sensible et la synthèse de ce qu’il m’est possible de dire aujourd’hui sur le cœur esthétique de la politique ». [Jacques Rancière, préambule]
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