Trois femmes d'Haïti
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Trois femmes d’Haïti sont trois nouvelles courtes d’Anna Seghers, une forme que l’auteure a très peu pratiquée. Loin d’être une entrée en littérature, il s’agit au contraire une œuvre de vieillesse, la dernière d’Anna Seghers, qui les écrit en 1980 alors qu’elle a 80 ans et derrière elle une longue carrière de romancière. L’écrivain retrouve ici des thèmes qu’elle avait plus longuement développés dans Histoires des Caraïbes, qui date de 1949. Cependant, si les trois récits qui constituent Histoires des Caraïbes trouvaient leur unité dans leur cadre historique (la révolution française et ses conséquences dans la Caraïbe), les trois nouvelles qui composent Trois femmes d’Haïti trouvent la leur dans chacun de ces destins de femmes, trois femmes qui vivent chacune une forme différente d’oppression, et y opposent une forme différente de résistance. Trois destins qu’Anna Seghers choisit de situer à des époques aussi diverses que celle des troisième et quatrième voyages de Colomb pour la première, celle qui suivit le 18 brumaire pour la deuxième, et celle de la fin de la dictature des Duvalier pour la troisième.
À cette diversité font écho des variations stylistiques fines qui portent sur le lexique, mais également sur la complexité plus ou moins grande des phrases et surtout celle des constructions de la narration, sous l’unité pourtant de la limpidité du trait. Celle d’un écrivain parvenu désormais à la pleine possession de son art.
Femme de lettres allemande d’origine juive, née à Mayence en 1900, Anna Seghers (de son vrai nom netty radványi) publie plusieurs romans sur sa résistance envers le régime nazi. Son premier ouvrage, L’Insurrection des pêcheurs de St-Barbara paraît en 1928 et remporte le prix Kleist. Elle rejoint, la même année, le Parti communiste allemand. En 1929, elle fonde avec d’autres auteurs l’union des écrivains prolétaires révolutionnaires. Elle est arrêtée par les nazis l’année suivante, ses livres sont mis à l’index et brûlés. Anna Seghers s’expatrie au Mexique en 1941 ; en 1942 paraît son roman le plus célèbre, La Septième croix. Elle publie Les morts restent jeunes en 1949, et d’autres livres après son retour en Allemagne : Rencontre insolite (1973) et La Traversée (1970). Elle meurt à Berlin-Est en 1983.
Bruno MEur : Il est né à Bruxelles en 1966. Architecte diplômé de l’EidgenössischeTechnische Hochschule de Zürich, il exerce cette activité à Paris depuis 1990. Ses traductions, en collaboration avec Claire Mercier, ont parues dans l’ouvrage Théorie allemande et pratique française de la liberté de SolangeMercier-Josa (L’Harmattan, 1993) : « Plan des Annales franco-allemandes » (1844) d’Arnold ruge, et poèmes de Georges Herwegh (« Trahison ! », 1844, « Prie et travaille !…», 1864). Il a effectué plusieurs traductions pour le CnrS ; ainsi qu’une traduction, aussi en collaboration avec Claire Mercier, du roman Franziska Linkerhand de Brigitte reimann (De l’Incidence Éditeur, 2013).
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