Dérives du sacré
Dérives du sacré

Rigelhof, T.F.  
Noël, Carole (Traduit par) 
  • Éditeur : Pleine Lune (De la)
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782890243682
  • Format : Livre numérique EPUB
  • Pages : 280
  • Prix : 21,99 $
  • Paru le 20 août 2012

Aussi disponible en version numérique:

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Un livre stupéfiant, intelligent, sensible et très bien écrit, qui intéressera tous ceux que tracasse l'avenir de la religion. Cet essai s'appuie sur le parcours personnel de l'auteur et sur sa vaste connaissance des religions, considérées tant au niveau des institutions matérielles qu'au niveau des dogmes.

Devant les ravages causés par les intégrismes religieux de notre époque, c'est un livre qui appelle à la tolérance et au respect : au-delà des croyances, ne partageons-nous pas tous la même condition humaine ? Les dogmes et les idéologues religieux sont des menaces à la paix car ils portent en eux les germes du rejet et de l'exclusion, ainsi que de nombreux préjugés qui font obstacle à un véritable dialogue entre humains. La mondialisation devrait nous inciter à nous doter d'une philosophie basée sur la fraternité humaine plutôt que nous enfermer dans un monde haineux et guerrier.

Voici un extrait de l’introduction

Le mardi 4 octobre 1994 vers 8h30 du matin, un incendie se déclara dans un chalet de Morin Heights. J'en entendis parler pour la première fois au bulletin radio de cinq heures. Le compte rendu était fragmentaire, mais précisait qu'on avait retrouvé dans les décombres deux cadavres calcinés, que ce chalet et un chalet voisin avaient été truffés de minuteries et de détonateurs reliés à des bidons en plastique remplis d'essence, que les deux maisons appartenaient à des membres d'une secte appelée l'Ordre du Temple Solaire, qu'il y avait peut-être un lien avec d'autres incendies qui avaient ravagé presque au même moment deux propriétés du Temple Solaire en Suisse et qu'une enquête policière internationale de grande envergure était en cours. Les adeptes de ce genre de secte y viennent souvent avec des idées bien arrêtées sur leur propre santé et sur la santé du monde. Ils y trouvent un refuge qu'ils ne trouvent pas dans les courants de pensée dominants de la société. Les médias accordent beaucoup trop d'importance au magnétisme des gourous, régnant sur leurs mini-empires du mal, mais pas assez aux aspirations, aux souffrances, aux envies, aux désirs d'amour, de réconfort, de camaraderie des membres ordinaires des sectes.

J'ai longuement réfléchi à l'étrange et interminable voyage que chacun doit entreprendre pour se défaire d'un univers aussi totalitaire que la religion. J'ai moi-même été profondément marqué par le catholicisme, j'en avais acheté l'uniforme : six cols d'ecclésiastique raides et blancs, deux costumes noirs et deux de ces longues robes noires appelées soutanes. Je n'ai tué personne au nom de ma religion, mais j'ai essayé de me tuer et un autre séminariste a tenté de m'assassiner. Je l'exprime peut-être de manière trop mélodramatique : la tentative d'assassinat m'étouffa juste pendant quelques minutes et je loupai mon suicide.

Plus je vieillis, plus je suis frappé de voir à quel point mes expériences sont partagées par d'autres, qui sont devenus majeurs pendant le troisième quart du vingtième siècle. Je pense que de nombreux lecteurs se reconnaîtront dans ces parts de moi dont je traite et qu'ils se reconnaîtront plus encore quand je parlerai des gens qui les intéressent : les hommes élevés de manière traditionnelle, qui n'ont connu la Seconde Guerre mondiale que par ce que leur en ont raconté leurs pères et leurs oncles, et qu'ensuite le « rêve américain » des années cinquante a inquiété, qui se sont révoltés pendant les années soixante et qui ont du mal à s'adapter à la croissante mondialisation que nous connaissons depuis lors. Tout ce que revendique le « je » de cet ouvrage, c'est d'avoir passé plus de temps avec les livres que la plupart de ses contemporains et, en gardant sa curiosité et son imagination aussi vives que possible, de s'être efforcé avec plus de vigueur que beaucoup d'autres de faire mentir l'assertion de Shopenhauer : « Tout homme confond les limites de sa vision et les limites du monde. »

J'adresse ce livre à l'innocence en chacun de nous, blessée chaque fois que quelqu'un, possédé par la religion, tue quelqu'un d'autre quelque part, au seul nom de la religion. Aucun de nous, qu'il soit juif, musulman, chrétien, hindouiste, bouddhiste, marxiste, gitan ou homosexuel, ne mérite la mort dictée par quelque intégrisme que ce soit. L'insensibilité des fondamentalistes de tout acabit ne génère que haine et massacres. Le seul moyen de nous préserver de cette folie dévastatrice réside dans l'acceptation et la compréhension de la diversité humaine, riche et complexe. Ceux qui suivent les idéologues, y compris l'oligarque en robe blanche, coiffé de sa tiare, qui a sa cour à Rome, trouveront que mon raisonnement est celui d'un cerveau gravement dérangé. Je vous aurai averti.




AUTEUR(S)

T. F. RIGELHOF a publié plusieurs livres dont deux ont déjà été traduits en français à la Pleine Lune (La Rose morte et Je t'aime, cow-boy). Il est professeur de religion au cégep Dawson et collabore régulièrement, en tant que critique littéraire, au Globe and Mail. Il s'est mérité plusieurs prix littéraires, dont le prix du Gouverneur général pour son essai A Blue Boy in a Dark Dress.




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